L'affaire «Umar Farouk», du nom du jeune Nigérian inculpé pour tentative d'attentat sur la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit, aux Etats-Unis, n'en finit pas de faire des vagues. Après la France qui entend imposer à Air Algérie de communiquer la liste des voyageurs vers la France dès leur enregistrement, ce sont les Etats-Unis qui durcissent les contrôles. Désormais, les Algériens qui se rendent aux Etats-Unis doivent s'armer de beaucoup de patience. Ils devront en effet subir des fouilles corporelles sévères, avec passage au scanner quand il est disponible. Leurs bagages seront examinés dans le détail et, bien entendu, les interrogatoires à l'arrivée seront très serrés. Ceux qui n'ont pas la qualité de la patience et s'énervent facilement devraient sagement éviter la destination américaine. La maigre consolation est que ce traitement particulier ne leur est pas réservé. La décision du gouvernement de renforcer les mesures de sécurité dans le transport concerne, outre l'Algérie, treize autres pays, classés comme des soutiens au terrorisme ou comme des pays à risques. La liste publiée, dimanche, par la Direction américaine de la sécurité des transports (TSA) comprend, outre l'Algérie, le Yémen, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Libye, le Soudan, l'Arabie Saoudite, le Liban, la Somalie et le Nigéria. Cuba, pourquoi ? La présence de Cuba dans la liste paraît être purement vexatoire, le pays de Fidel Castro n'étant pas musulman et n'ayant aucunement la réputation d'être une antre d'Al-Qaïda. Elle montre clairement que l'administration Obama est sous pression des républicains et lui impose la logique sécuritaire de la période de Bush. L'Algérie fait partie des «Etats concernés» ou à risques, alors que l'autre groupe dans lequel figure l'Iran, la Syrie ou la Libye concerne les pays classés par les Américains comme des pays qui soutiennent le terrorisme. La Direction américaine de la sécurité des transports (TSA) estime que «parce qu'une sécurité effective de l'aviation doit commencer au-delà de nos frontières, et dans le cadre d'une coopération extraordinaire de nos partenaires aériens dans le monde, TSA ordonne que tout individu se rendant aux Etats-Unis de n'importe où dans le monde en provenance ou via des nations qui parrainent le terrorisme ou de (certains autres) pays devra se soumettre à un contrôle accru». Ces mesures comprennent une fouille corporelle «complète» ainsi qu'une inspection «manuelle» des effets personnels des passagers. Elles concernent aussi les voyageurs ayant transité par un de ces 14 pays. La fréquence des fouilles aléatoires de passagers à destination américaine sera également augmentée. La TSA recommande aussi le recours à des «technologies perfectionnées de contrôle», comme le scanner corporel. Le Nigéria mécontent La liste officielle des pays «risqués» n'a pas été encore rendue publique. C'est le New York Times, citant des responsables gouvernementaux, qui a donné les noms des pays concernés. Les passagers venant de ces 14 pays seront contrôlés totalement. Selon le site Politico, «un pourcentage beaucoup plus élevé de passagers de tous les pays étrangers» sera soumis à ces contrôles renforcés. Le Nigéria a été, hier, le seul pays de la liste à réagir. «Il est injuste d'inclure le Nigéria dans la liste des contrôles renforcés car les Nigérians n'ont pas de tendance terroriste», a déclaré la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement nigérian, Dora Akunyili. Selon elle, la mesure est discriminatoire : «Il est injuste de discriminer 150 millions de personnes en raison de la conduite d'une seule», dans une allusion claire à Umar Farouk, le jeune Nigérian de 23 ans à l'origine de la nouvelle psychose américaine de l'attentat.