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Le delirium sioniste d'un dirigeant du Crif
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 01 - 2010

« J'observe que le Mrap de Mouloud Aounit n'a pas eu l'idée de boycotter les produits made in Algeria en dépit des violations des droits et du sort fait aux Kabyles dans ce pays…». L'auteur de cette monumentale bêtise publiée dans Le Figaro est un militant sioniste français, plus à droite que le Likoud, grand persécuteur d'intellectuels juifs – comme Edgar Morin – coupables de critiquer les crimes d'Israël et pourfendeur du MRAP, du NPA d'Olivier Besancenot, des Verts, d'EuroPalestine qui «osent», quelle outrecuidance, militer pour le boycott des produits israéliens.
Tous ces hommes et femmes, même quand ils sont des juifs, sont, aux yeux de William Goldnadel, d'abominables antisémites. L'accusation infamante fait partie de l'arsenal qu'un commissariat politique informel de la bien-pensance parisienne utilise pour terroriser ceux qui ne filent pas droit. Même le caricaturiste Siné a subi la hargne de ce club. Le caricaturiste a d'abord été sauvé par Internet où les blogueurs ont brisé le monopole de ce Bureau Politique informel mais comme ô combien identifiable, avant que la justice ne lui donne raison.
Dans une France où les soutiens multiformes et puissants à Israël ne se comptent pas, le sieur Goldnadel, spécialiste du harcèlement judiciaire des personnes qui pensent mal, entend étendre l'accusation à ceux qui défendent les droits élémentaires des Palestiniens et qui estiment que l'Etat d'Israël ne peut être dispensé de l'application des lois internationales. Il est inutile de rappeler à un fanatique qu'il existe une différence ontologique entre un Etat qui s'est fondé sur une guerre de libération et une entité fruit d'un coup de force, construite par la force sur la spoliation d'un peuple. Qu'il le veuille ou non, et dans les siècles des siècles, la différence fondamentale entre la légitimité de l'un et l'illégitimité de l'autre prévaudra.
Commissariat politique de la pensée
L'interview de William Goldnadel au Figaro, quotidien de référence de la droite française, met tranquillement en évidence les contorsions idéologiques et les usurpations qui dominent la société politique parisienne. Le président de France-Israël et d'Avocats sans frontières, et désormais membre du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), s'exprime au nom des juifs français et d'Israël. De tous les juifs de France, y compris de ceux, ils sont nombreux pourtant, qui ne se reconnaissent ni dans l'Etat d'Israël ni dans le Crif.
Cette instance est l'un des sièges les plus emblématiques du commissariat politique de la pensée politique. Tous les décideurs sont contraints d'assister à son dîner annuel et à faire assaut de sympathie à l'égard du projet sioniste. Malheur à celui qui dérogerait à l'obligation de présence, l'accusation «d'antisémitisme», mise en cause majeure, risque de le poursuivre jusqu'à la ruine de sa carrière.
En réalité, ces organisations, relais de l'Etat sioniste ne sont pas loin d'exercer un véritable chantage historique à l'endroit de la société politique française.
William Goldnadel se sent d'ailleurs pousser des ailes. Il se félicite que les Verts et le PCF ne soient pas invités au «dîner du Crif» et il souligne que c'est «l'avènement du nouveau pouvoir qui a apaisé la communauté juive». Comme si, sous la présidence de Jacques Chirac, il y aurait eu une persécution contre les juifs ! Il est vrai que l'alignement sur Israël n'était pas aussi manifeste…
Le seul communautarisme autorisé sous la République
William Goldnadel, néo-conservateur version française, incarne parfaitement l'alliance du sionisme avec l'extrême droite raciste en Occident unis dans la haine de l'Arabe, du Noir et des musulmans. Le label d'antisémitisme est donc infligé à tous ceux qui critiquent les crimes israéliens. En France, en dépit de l'activisme très soutenu de ce fameux commissariat de la pensée, cela fait du monde. Beaucoup de monde. La liste des personnes attaquées par Goldnadel pour antisémitisme est longue et comprend Daniel Mermet, animateur de l'excellente émission «Là-bas si j'y suis» sur France-Inter, Edgar Morin, Daniel Sallenave, Sami Naïr, Pascal Boniface, Eric Hazan… Il a également créé une «Ligue internationale contre la désinformation» qui harcèle également les journalistes qui critiquent Israël.
Cela est très symptomatique de la situation en France avec «l'avènement du nouveau pouvoir» pour reprendre l'harceleur des mal-pensants. La République française, fondée sur la citoyenneté, ne voudrait reconnaître, cela est ressassé sur tous les tons, qu'une seule communauté, celle de la Nation.
Le «communautarisme», néologisme honni, n'est, selon les chantres de laïcité civilisée, qu'une aberration anglo-saxonne. Le repli sur des valeurs culturelles ou religieuses, vouées aux gémonies, est considéré comme une régression pathogène. Sauf quand il s'agit de la «communauté juive». La culpabilisation de l'épisode vichyste est particulièrement vive dans un pays qui ne s'est pas vraiment dé-pétainisé au lendemain de la libération. Ce qui est valable pour les communautés suspectes – en fait, pour le moment c'est essentiellement les «musulmans» - ne s'applique pas aux juifs, représentés comme une totalité homogène et monolithique. William Goldnadel qui voudrait parler au nom de tous les juifs est avant tout la voix d'un Etat étranger qui se nomme Israël, en France, les hommes politiques qui tiennent à être vus au dîner du Crif n'y trouvent rien à dire.


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