La flambée des prix du ciment et de ses dérivés ruine les auto-constructeurs. Les propriétaires de constructions inachevées sont les plus affectés par la dernière envolée des prix de détail de ce matériau de construction. Les auto-constructeurs se trouvent aujourd'hui entre l'enclume de la dernière loi fixant les règles de conformité des constructions et de leur achèvement et le marteau de la «mafia du ciment» qui fixe à sa guise les prix de ce matériau de construction et par ricochet ses dérivés. Le prix du sac de ciment prend des ailes dans les commerces de matériaux de construction. Il a frôlé la barre symbolique des 1.600 dinars le quintal au prix de détail. Le sac de ciment de 50 kg était proposé hier dans les commerces de matériaux de construction à Oran Est (Fernand-ville) à 750 dinars, soit une différence de près de 500 dinars entre le prix de sortie d'usine et celui du détail. Le prix de sortie d'usine du sac de ciment vacille entre 260 et 280 dinars, selon les cimenteries. Le prix de gros du sac de ciment est négocié jusqu'à 650 dinars. Certains peuvent se procurer le sac de 50 kg à seulement 550, voire 500 dinars. Pour les professionnels, cette hausse spectaculaire du prix du ciment est une conséquence de l'arrêt technique de plusieurs cimenteries de la région Ouest. D'autres, par contre, accusent ouvertement la spéculation d'être à l'origine de cette envolée «injustifiée» des prix. Le «timing» de cette nouvelle flambée des prix du ciment laisse, en effet, perplexe les professionnels du marché des matériaux de construction. Et pour cause, la période hivernale, marquée par les intempéries, connaît généralement une baisse accrue de la demande sur le ciment. Presque tous les chantiers tournent au ralenti ces dernières semaines à cause de la pluviométrie. La cadence des travaux de réalisation est en net recul, ce qui se répercute sur la demande sur le ciment. Pour ce vendeur de matériaux de construction, trois facteurs sont à l'origine de cette tension sur ce produit, particulièrement les pratiques spéculatives et enfin la hausse de la demande venant des auto-constructeurs. «C'est les auto-constructeurs qui créent cette tension sur le ciment. Ils achètent à n'importe quel prix. Si demain le prix du sac de ciment atteignait les 1.000 dinars je peux vous assurer qu'il y aurait toujours des acheteurs », affirme notre interlocuteur. Ces auto-constructeurs, en fait, n'ont plus de choix, car ils sont pressés par les délais fixés par la nouvelle loi portant sur les règles de conformité des constructions et de leur achèvement. Cette loi adoptée en juillet 2008 par le Parlement, et appelée «déclaration de mise en conformité des constructions», est définie dans deux décrets exécutifs. Tout propriétaire d'un terrain en construction est obligé, en application de cette loi, de «finir» le chantier qu'il a entamé. La nouvelle réglementation fait obligation à tout constructeur de disposer d'un permis de lotir et d'un permis de construire préalablement à toute création de lotissement ou d'édification d'une construction. Il lui est fait également obligation d'achever les travaux de construction durant le délai de validité du permis de construire délivré à titre d'achèvement ou de mise en conformité pour l'achèvement. De lourdes amendes et même des peines de prison sont prévues à l'encontre des citoyens qui refusent de se conformer à ce dispositif. Les matériaux de construction fabriqués à base de ciment à l'exemple du «lourdis», des parpaings et des bordures de trottoirs enregistrent également une hausse soutenue de leurs prix. «Tous les matériaux de construction à base de ciment enregistrent une flambée de leurs prix», avoue ce vendeur. La pièce de «lourdis», utilisée dans la construction des dalles, a vu son prix bondir de 23 dinars à 35 dinars. Les bordures de béton utilisées pour les trottoirs ont aussi vu leur prix sauté de 120 dinars la pièce à 200 dinars. Et même avec ce prix exorbitant ces plaques de béton ne sont pas disponibles dans les commerces de matériaux de construction. «Les entrepreneurs trouvent un grand mal pour se procurer ces bordures nécessaires pour la finalisation des travaux de viabilisation», précise encore ce vendeur. Les propriétaires de commerce de matériaux de construction à Oran prédisent une autre flambée des prix de détail du ciment et ses dérivés dans les prochains mois avec la hausse de la demande des chantiers. Ils estiment que le ciment de l'importation ne pourra pas atténuer cette crise, puisqu'il est consacré exclusivement pour les entreprises publiques et les entrepreneurs chargés de construction de logements. Le ciment de l'importation est d'ailleurs interdit à la vente dans les commerces.