L'envolée spectaculaire du prix du sac de ciment, qui s'approche peu à peu de la barre symbolique des 1.000 dinars, pèse lourdement sur les chantiers de logements socio-participatifs à Oran. Les travaux sont à l'arrêt dans une quarantaine de chantiers LSP située à Oran Est et à la daïra de Bir El Djir en raison de la spéculation qui sévit actuellement dans le marché des matériaux de construction. Les entrepreneurs tirent la sonnette d'alarme. Les chantiers de la formule LSP sont parmi les premières victimes de l'envolée démesurée des prix des matériaux de construction. Le prix du LSP fixé par l'Etat à 250 puis à 280 millions de centimes ne permet plus un amortissement des nouveaux coûts de construction. Les entrepreneurs se trouvent ainsi dans l'impasse. Ils sont soit obligés de revoir à la hausse les prix des logements, avec comme conséquence un litige judiciaire avec les bénéficiaires, soit ils arrêtent carrément les travaux de construction en attendant des jours meilleurs. Nombreux entrepreneurs oranais à court de financement semble opter pour la deuxième option en particulier durant cette saison estivale qui connait une hausse démesurée de la demande sur les matériaux de construction. Les auto-constructeurs préfèrent généralement cette période pour mener des travaux. Du coup le prix du sac de ciment prend des ailes dans les commerces de matériaux de construction. Il a frôlé la barre symbolique des 1.600 dinars le quintal au prix de détail. Le sac de ciment de 50 kg est proposé dans les commerces de matériaux de construction à Fernand-ville à 750 dinars soit une différence de près de 500 dinars entre le prix de sortie d'usine et celui du détail. Le prix de sortie d'usine du sac de ciment vacille entre 260 et 280 dinars, selon les cimenteries. Le prix de gros du sac de ciment est négocié jusqu'à 650 dinars. Les débrouilleurs peuvent se procurer le sac de 50 kg à seulement 550 voire 500 dinars. Pour ce vendeur de matériaux de construction à Fernand-ville à l'extrême est de la ville c'est les auto-constructeurs qui créent cette tension sur le ciment. Ils achètent à n'importe quel prix pour achever les travaux de construction. Ces auto-constructeurs n'ont en réalité plus le choix car ils sont pressés par les délais fixés par la nouvelle loi portant sur les règles de conformité des constructions et de leur achèvement. Cette loi adoptée en juillet 2008 par le Parlement et appelée «déclaration de mise en conformité des constructions» est définie dans deux décrets exécutifs. Tout propriétaire d'un terrain en construction est obligé, en application de cette loi, de «finir» le chantier qu'il a entamé. La nouvelle réglementation fait obligation à tout constructeur d'achever les travaux de construction durant le délai de validité du permis de construire délivré à titre d'achèvement ou de mise en conformité pour l'achèvement. De lourdes amendes et même des peines de prison sont prévues à l'encontre des citoyens qui refusent de se conformer à ce dispositif. D'autres entrepreneurs, par contre, n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour achever leurs chantiers en souffrance. Ils exigent des bénéficiaires un versement «sous table» entre 40 et 60 millions de centimes pour supporter les hausses consécutives des prix des matériaux de construction en particulier le ciment et ses dérivés. Outre ce versement «sous table» certains de ces entrepreneurs réclament à la fin des travaux des sommes entre 10 et 20 millions de centimes pour les travaux de voies et réseaux divers (VRD). Pour contraindre les bénéficiaires à verser ce nouvel «acompte», les entrepreneurs refusent de délivrer les actes de propriété des logements. A la cité Akid Lotfi des dizaines de citoyens attendent ainsi depuis 2004 leurs actes de propriété, l'entrepreneur ayant demandé un montant de 29 millions de cts pour régulariser leur situation.