Quel est le tort des enfants nés d'une liaison illégitime et «clandestine» ? Pourquoi, une fois nés, certains sont carrément abandonnés dans la rue où dans des décharges sauvages, dans de mauvaises conditions, constituant des proies pour les animaux errants ? Certains bébés ont été découverts en état de décomposition très avancé, mutilés, morts par strangulation ou par hypothermie. Sept nouveau-nés ont été découverts morts et abandonnés à Oran durant les trois dernières semaines. Pas plus tard que mardi dernier, le cadavre d'un nouveau-né de sexe masculin a été découvert dans une valise devant un bain maure (Hammam) à Sidi El-Bachir. Quelques jours auparavant, c'était dans une résidence universitaire que le corps sans vie d'un nourrisson de quelques heures a été trouvé. Les autres ont été découverts dans une décharge à El-Kerma, la gare routière du quartier Les Castors, à Haï Nour et Yaghmoracen. Abandonner sa progéniture n'est pas une décision facile pour une mère. Un sujet qui est rarement évoqué, car une grossesse illégitime constitue un tabou côté social, mais aussi un péché côté religion. Or, le nombre des enfants nés de relation hors mariage ne cesse d'augmenter. Un phénomène qui continue de soulever l'indignation. Mais cela n'explique en rien l'assassinat. En Algérie, et selon des chiffres officiels, quelque 4.000 enfants sont abandonnés chaque année dont 3.000 sont des enfants illégitimes. Selon des sociologues, ce phénomène a pris de l'ampleur ces dernières années pour diverses raisons : la pauvreté qui a poussé des jeunes filles à la prostitution, l'ouverture médiatique, la moyenne d'âge du mariage qui dépasse les 28 ans pour les filles et 33 ans pour les garçons, ce qui les poussent à chercher des relations hors mariage, car ils n'ont aucune perspective de pouvoir fonder, un jour, un foyer à cause, notamment, de la crise du logement et du problème du chômage. «Par manque d'informations, les mères célibataires, de crainte d'être reconnues et identifiées, au lieu de s'adresser au centre d'accueil des enfants ou aux pouponnières, préfèrent abandonner leurs progénitures dans la rue», nous dira un employé de la direction de l'Action sociale. Cependant, les services concernés (pouponnière ou centre d'accueil) se portent garants de la discrétion pour tout ce qui touche à l'identification de la mère biologique. «La décision d'abandon implique la rupture de tout lien avec l'enfant, la perte de tout droit sur lui et le secret absolu de son placement. La mère est assurée du secret des renseignements fournis et ne peuvent en aucune façon être utilisés contre elle», affirme notre source. Les mères qui abandonnent leurs enfants ont trois mois pour revenir sur leur décision si elles émettent le vœu de les récupérer dès le premier mois de l'abandon. Une fois le délai expiré, l'enfant sera systématiquement placé en milieu familial. Notons que chaque année, une moyenne de 150 enfants abandonnés sont pris en charge dans le cadre de la Kafala à Oran.