En effet, un concert de musique ancienne a été gratifié par l'ensemble régional de la musique andalouse de Tlemcen, sous la direction artistique du jeune Hammas Yassine, devant un public venu nombreux à la maison de la Culture Abdelkader Alloula, ce 20 mars. L'ensemble régional, parrainé par le ministère de la Culture depuis décembre 2006 et décrété il y a quelques mois seulement, a rejoint les autres institutions culturelles telles que l'Orchestre symphonique ou encore l'Ensemble national de Musiques anciennes. Durant cette soirée très conviviale, une vingtaine de musiciens et musiciennes de talent, en tenue traditionnelle, ont présenté un programme riche et varié qui fut apprécié par de nombreux mélomanes présents dans la salle. Une nouba «Zidane» au complet a été interprétée de manière majestueuse, tantôt à l'unisson et tantôt par des solistes qui, tour à tour, ont dialogué en reprenant des textes andalous d'antan chantés par des voix sublimes comme celle de Mohamed Belmiloud ou encore celle de Nesrine Ghenime avec les deux «Insiraf» interprétés d'une part par Tahar El-Hassar, un virtuose du Rebeb, cet instrument mythique, et d'autre part par cette autre voix mélodieuse, Leïla Benm'rah, venue spécialement d'Oran pour cette circonstance. Une panoplie de textes d'origine andalouse chantant le printemps, la nature et l'amour fut dévoilée à une assistance venue pour la plupart partager ce «petit voyage à travers les siècles» telle que nous la qualifiera le chanteur Bengharbrit Toufik mais aussi pour oublier les tracasseries de la vie quotidienne. La soirée fut enchaînée par un récital Haouzi et c'était au tour du chanteur Azzeddine Bouabdallah d'interpréter l'une des merveilles du poète Ibn Triqui (XVIIème) à savoir «Tal âbadi wa tal wekdi-Abouya Kirani». L'ensemble des musiciens arbora ensuite l'un des chefs-d'œuvre du poète Haouzi du XVIIIè siècle «Ben M'Saib», à savoir «Hadjet bel fikri achwaki-Laki ya Rabbi Laki», un haouzi qui a suscité des larmes chez certains nostalgiques car, «c'est un morceau que nous n'avons pas entendu depuis déjà un moment», disait à tout le monde un vieux monsieur de 80 ans, présent avec sa famille. Enfin, la chanteuse Leïla Benm'rah qui fait partie de l'association «El-Mansourah» d'Oran, interpréta de manière exceptionnelle un medh «Bismillah Nebda Mehdi», composé il y a déjà une vingtaine d'années pour l'enfant chéri du haouzi, chanteur et compositeur, Tewfik Benghabrit. Mr. Yassine Hammas, directeur de cet ensemble, nous dira à la fin du concert que «notre but est, sans prétention aucune, de vulgariser ce genre musical et le rendre accessible à tout le monde et c'est la raison pour laquelle nous nous produisons dans toutes les wilayas. Mille mercis à toutes les associations musicales qui sont en train de nous aider techniquement». Il est à rappeler aussi que l'ensemble régional de la musique andalouse de Tlemcen est en tournée dans tout l'ouest algérien et qu'il accompagnera le 26 mars prochain, au festival maghrébin qui se tiendra à Tipaza, un autre chanteur du cru, Brahim Hadj Kacem, qui vit actuellement à Paris.