Si des praticiens de la santé publique, qui pilotent les différents programmes de lutte contre la tuberculose, considèrent que la tendance est stable et que certains foyers ont été éradiqués, et que les antituberculeux sont disponibles, certains milieux avancent que cette maladie, liée à la pauvreté, la sous-alimentation, l'exode rural, la déficience du système immunitaire et le manque d'hygiène, entre autres, est en recrudescence, notamment dans les milieux sociaux défavorisés. Quelque 1.943 cas de tuberculose (toutes formes confondues) ont été déclarés en 2009, au niveau de la wilaya d'Oran, a affirmé le chef de service prévention de la direction de la Santé et de la Population à l'APS, en marge des portes ouvertes organisées par la direction de la Santé à l'occasion de la Journée mondiale de la Santé, indiquant que ce chiffre représente 60 % des maladies à déclaration obligatoire. Selon la même source, il a été enregistré 1.247 cas de tuberculose pulmonaire. L'incidence de l'affection de cette maladie est estimée à 85 cas pour 100.000 habitants. L'analyse de ces chiffres révèle que, contrairement aux autres régions du pays, Oran a enregistré une augmentation dans le nombre de cas de la tuberculose pulmonaire (contagieuse), ainsi que dans la prévalence. En effet, le nombre de personnes infectées par cette pathologie, au niveau national, en 2009, était de 21.732 dont 8.402 contagieux, soit une régression de la prévalence de 24,2 pour 100.000 habitants, avait déclaré le Pr Ali Halassa, chargé du programme national de lutte contre la tuberculose, au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de Réforme hospitalière, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars). Les services de la direction de la Santé et de Population de la wilaya d'Oran, notamment les services de prévention poursuivent la recherche et le dépistage au niveau des quartiers, a rassuré la même source. Notons, dans ce cadre, que la wilaya d'Oran compte une dizaine d'unités de contrôle et prises en charge des tuberculeux et des maladies respiratoires (UCTMR), deux ont été ouvertes cette année dont une à la daïra de Boutlélis. La présidente de l'Association «Main dans la main», citée par l'APS, a souligné qu'une étude sociologique effectuée en milieu rural, à Boutlélis, a démontré que pas moins de 102 cas de tuberculose ont été enregistrés en 2009 dont 39 femmes, ce qui a poussé les responsables de la santé et de la population de la wilaya et l'établissement proximité de santé publique (EPSP) à mettre en place une unité de contrôle de tuberculose et de maladies respiratoires à Misserghine. D'autre part et selon une source du CHUO, on assiste ces dernières années, à une augmentation dans le nombre des cas de la tuberculose à bacille multi-résistants, plus de 150 cas ont été admis au service de pneumo-phtisiologie du CHU d'Oran, durant la dernière décennie. «La tuberculose à bacille résistant est l'œuvre de l'homme, elle reflète une défaillance quelque part dans la prise en charge du malade. Un tuberculeux normal peut devenir tuberculeux résistant si l'association des antibiotiques n'est pas prise en compte dans le traitement, chose qui peut entraîner le décès du patient. Ces tuberculeux résistants nécessitent un traitement de troisième ligne qui dure 21 mois, coûtant plus de 160.000 DA et pas très efficace, tandis qu'un traitement de tuberculose normal ne dépasse pas les 2.100 DA », ajoute la même source. Selon les spécialistes, le manque de moyens, la rupture du stock des antituberculeux, l'absence d'information et le manque de sensibilisation de l'entourage des malades augmentent la prévalence de la maladie.