La tuberculose, maladie essentiellement pulmonaire et extrêmement contagieuse, connaît une augmentation inquiétante dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon un bilan présenté dernièrement par les médecins du CHU de Tizi Ouzou lors de la journée mondiale de la tuberculose, 30% de cas pour 1000 habitants ont été enregistrés en 2005. La pathologie a été constatée dans l'ensemble des huit secteurs sanitaires de la wilaya, avec une prépondérance pour celui de Tizi Ouzou, avec 58 cas, alors que Draâ El Mizan suit avec 32 cas. Les praticiens ont relevé que la maladie se propage naturellement dans les centres urbains où la densité de la population est plus importante, comme c'est le cas pour Azazga et Aïn El Hammam, respectivement 24 et 25 cas. Un médecin du service pneumo-phtisiologie explique le phénomène : « Les facteurs de risque sont la précarité de vie, la promiscuité et la sous-alimentation. Le manque de protéines peut être un facteur déclenchant. Mais il n'y a pas lieu de s'alarmer, car le programme national de lutte contre la tuberculose donne de bons résultats, mais on ne peut pas éradiquer totalement cette maladie ». En l'absence de données centralisées au niveau de la wilaya, le nombre de sujets atteints varie selon les cas révélés lors des recherches et des recensements réalisés par les médecins eux-mêmes. Ainsi, en 2005, 491 cas ont été confirmés (219 tuberculeux pulmonaires et 172 extra pulmonaires) alors qu'un autre praticien a indiqué que, lors d'un dépistage entrepris la même année, 215 cas uniquement ont été enregistrés. Une responsable de direction de la santé publique (DSP) au niveau de la wilaya a, quant à elle, évoqué 379 nouveaux cas. Le nombre de malades ayant une grave infection tuberculeuse pourrait bien être supérieur à celui recensé jusque-là. Le dépistage ne s'est pas fait de façon correcte, a-t-on noté. Selon une enquête effectuée en 2004, les consommables nécessaires au dépistage (crachoirs, seringues, etc) n'étaient pas disponibles et l'exiguïté des lieux dans les centres de santé a dissuadé les gens de se faire dépister. En 2005, il y avait encore 1600 malades hospitalisés au CHU de Tizi Ouzou. Plusieurs d'entre eux ont prolongé leur séjour à l'hôpital en raison des rechutes. Selon les médecins, seulement 189 malades sur 209 ont totalement recouvert leur santé, après avoir suivi les traitements prescrits. La chimiothérapie antituberculeuse reste pour les praticiens le meilleur remède d'empêcher la propagation de la maladie et de protéger les sujets. Les médecins ne peuvent intervenir qu'à ce niveau. Le reste est du ressort des pouvoirs publics, la maladie étant un gros problème de santé publique.