Le trolley», trop laid à l'extérieur. A l'intérieur, il est aussi propre que le camion des éboueurs. C'est le règne du privé, pas tout le privé heureusement. Vivement le tramway ! Le bus, c'est aussi la promiscuité. Il transporte l'homme-bétail et l'information de proximité. On entend les conversations des uns et des autres. Les feuilletons saccadés par les arrêts sont repris le lendemain aux mêmes heures et aux mêmes endroits. Certains l'empruntent pour se divertir. Font plusieurs fois le tour de la ville. Les circuits n'ont plus de secret pour eux. Les dates et heures de certains habitués non plus. L'été, c'est mieux. On prend l'air à travers les vitres lorsque l'allure se fait vive. Une fois, j'ai pris un bus privé qui faisait le centre jusqu'à l'université, en périphérie de la ville : j'ai cru entrer dans une boîte de nuit mobile new generation avec du raï à tue-tête. J'ai même pensé à un nouveau concept importé. Le bus suivait le rythme même dans les virages. Loupant les arrêts demandés. Les voyageurs le suppliaient de réduire le son, puis de repartir, puis de s'arrêter à la bonne destination. Le chauffeur, «jeune», les lunettes de soleil ajustées sur le nez, la vue basse. Il s'arrête à chaque croisement avec un bus collègue pour faire un brin de causette à travers les vitres. Coiffé d'une responsabilité dépassant les espoirs de sa mère qui, fièrement, annonce la profession de son fils à qui veut ou pas d'ailleurs la connaître. «Oueldi chauffeur de bus kbir !». Lui, le chauffeur, il est heureux : il se sent libre, il se sent utile. La corporation nous aide, pour l'instant, à compter nos morts sur les routes. Comptons donc et comptabilisons les accidents de la circulation et, pourquoi pas ?, lançons une pétition pour supprimer les routes. Allez tous en piste !