I - Etat des besoins actuels Le rapport de la Banque mondiale sur les financements accordés aux pays du Moyen Orient et du Maghreb (MENA) reprend les paramètres suivants : I-A: Pour les pays producteurs de pétrole préserver le pétrole et le gaz pour une utilisation plus valorisante et pour les générations futures. I-B: Permettre une diversification industrielle hors hydrocarbures en amenant une intégration nationale d'au moins 50%. (Nous savons que pour un marché de 500 MW en champ solaire, les industriels européens s'engagent à se localiser en Algérie). I- C: Bénéficier des subventions des pays consommateurs européens dans le cas d'exportation d'électricité «verte» et subventionner ainsi le marché local. Le coût de l'investissement pour les énergies renouvelables entraînait un coût de l'électricité plus cher que l'électricité conventionnelle. Cependant avec un baril à 100 $, l'électricité solaire devient compétitive. L'objectif du programme de la Banque mondiale est de contribuer, par cet investissement, à amener l'industrie solaire, à l'instar des autres technologies, à parvenir à une réduction de l'investissement. En effet l'éolien a vu la réduction de l'investissement, au bout de cinq ans, divisée par trois avec un développement de l'industrie éolienne. Il se trouve que la crise actuelle a eu aussi un effet sur le coût de l'investissement dans l'énergie et ainsi le secteur a connu une évolution dans le coût de ses investissements avec une multiplication de ces coûts par un facteur de 3 à 4 pour la période des 5 dernières années. Cela relativise donc le surcoût actuel des énergies renouvelables. Les besoins en énergie pour la région et pour le pays inquiètent par la croissance des prévisions de consommation, dans la mesure où le taux de 7% est avancé. Ceci donne les résultats suivants, selon le même rapport de la Banque mondiale cité ci-dessus: Aujourd'hui l'Algérie a une intensité énergétique de 0,18 toe/.1000$ pour 2005 PPP terms (source Banque mondiale) ce qui représente 60% de plus que les pays OCDE et 40% de plus que la moyenne mondiale. La consommation en gaz naturel représentera près de 44% du gaz commercialisé, alors que pour les autres pays du MENA, elle se situe globalement pour la somme du pétrole et du gaz commercialisés, à 30%. Les émissions de GES viennent pour moitié de la combustion des énergies fossiles. L'électricité représente 45% de la consommation gazière; l'industrie et la consommation domestique: 21%; la pétrochimie devrait représenter: 16%; l'autoconsommation gazière par Sonatrach (Industrie GNL): 18%; la consommation en électricité par capita se situe à 840 KWH/ capita, ceci avec une efficacité énergétique déplorable. Les efforts seraient donc à faire au plan du développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Le modèle énergétique de l'UE 2009 2029 -Charbon 7,7% 14 % -Pétrole 32,2% 10% -Gaz 28,6% 25% -Nucléaire 12,4% 13% -Hydro 2% 2% -Biomasse 11,5% 11,5% -Renouvelables 5,6% 10%+15% import La demande en énergie primaire dans la zone Europe et Asie centrale devrait augmenter de 50%, d'ici 2030. Selon les projections, les besoins concernant le développement des énergies primaires en Europe, entre 2010 et 2030, devraient être de l'ordre de 1.300 milliards de dollars, afin d'assurer la disponibilité du pétrole, gaz et charbon. Le montant des investissements nécessaires, en matière d'infrastructures énergétiques européennes, au cours des 20 à 25 prochaines années, est de l'ordre de 1.500 milliards de dollars. Ceci donne près de 3.000 milliards de dollars pour la période en investissements globaux dans le secteur énergétique européen. Nous savons que l'amplitude de nos investissements dans le secteur de l'Energie est aussi très importante. Scenario réaliste pour un modèle énergétique algérien Il devient évident que le mode actuel de laisser faire en matière de consommation énergétique ne peut être durable. Le manque d'efficacité énergétique, associé à un gaspillage d'énergie de par le faible coût des énergies en Algérie, amènera une raréfaction de nos énergies fossiles à moyen terme, sans épiloguer sur les durées de 20 ou 40 ans, selon les uns et les autres. Le fait est qu'il faut aujourd'hui préparer ce demain dans 20 ou même 40 ans. Ce qui est remarquable c'est que tout le monde est d'accord pour augmenter la part des énergies renouvelables. Le résultat est loin d'être à la dimension des objectifs affichés et repris dans le rapport de la Banque mondiale: 2017: 5 % power generation based on renewable energy; 2025: 10 % power generation based on renewable energy. Le constat est fort simple, le marché européen reste très important, aussi bien en énergie fossile qu'en énergies renouvelables. L'Europe sera obligée d'importer 15% de ses besoins énergétiques sous forme d'électricité solaire car les réserves d'énergies fossiles ne le permettront pas et l'évolution des prix de ces énergies rendra l'électricité solaire compétitive. Le pays le plus à même de satisfaire cela à meilleures conditions de sécurité et de prix reste l'Algérie. III- Les barrières à la mise en oeuvre de ce scenario Les barrières restent d'abord la compétition de l'électricité solaire avec le gaz algérien. Si toutefois, la compétition existe réellement. En effet, la bulle gazière aux USA réduit le marché de notre gaz. Cependant le véritable problème est la juste valorisation de notre gaz sur le marché, ceci amène peut-être à justifier l'OPEP du gaz. Le gaz non conventionnel fait l'affaire de ceux qui veulent dévaloriser le gaz naturel algérien. Cependant, au vu des réserves existantes, puisque même notre pays veut se lancer dans la recherche du gaz non conventionnel, bien que les coûts de recherche et de production peuvent être prohibitifs comparés à ceux du gaz conventionnel. Nous pensons que la place de l'électricité solaire algérienne est inéluctable sur le marché européen. Il s'agit de bien négocier cette part de marché. Nous avons des atouts incomparables tels que: sécurité dans la livraison, prix par notre proximité du marché, nos réserves inépuisables et notre potentiel de réalisation des capacités de production. C'est bien pour cela que la Banque mondiale, dans son rapport cité plus haut, nous accorde 160 millions de dollars de crédit concessionnel, presque gratuit (10 ans de grâce, sur plus de 30 ans, avec un taux de 2,5%). En plus de cela, elle s'engage à mobiliser le reste des financements pour la réalisation du programme algérien affiché par la CREG. Ce programme représente la capacité pour laquelle les industries du solaire sont prêtes à se localiser chez nous. En ce qui concerne l'export, les besoins européens justifieront au moins 25.000 MW, à l'horizon 2030. Il reste à négocier la cession des droits d'émissions découlant de ces capacités de production à partir du solaire et définir les quantités qui devraient être cédées au marché algérien au prix du marché algérien. Les subventions attendues dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre, devraient le permettre. IV Conclusion La volonté de s'inscrire dans un cadre de développement durable, de protection de notre environnement, de sortir de la dépendance des hydrocarbures, de préserver de l'énergie pour le générations futures, doit se traduire par un réel plan d'action visant des objectifs précis en matière de développement des énergies renouvelables, d'acquisition du savoir permettant l'intégration de technologies dans notre industrie nationale. Il faut s'inscrire dans les grandes tendances technologiques dans notre développement. Il est inutile d'entamer un processus de développement basé sur une industrie automobile qui vit ses derniers moments, mais prendre les devants et viser la voiture électrique. L'électricité sera solaire demain. Le jet fuel sera produit par des techniques solaires à partir du gaz naturel. En effet les technologies solaires produiront du GTL (gaz liquéfié proche du kérosène) déjà testé dans des avions. L'eau sera obtenue à partir du dessalement solaire. Ceci sera certainement plus accessible technologiquement que le nucléaire. Il sera certainement aussi moins coûteux. Dans tous les cas acceptables au plan sécurité donc soutenu par les pays développés donc finançables aussi par eux. *Expert International en Energie ex directeur général des énergies renouvelables MEM/SONATRACH