Depuis plusieurs semaines, toute la filière du commerce en Algérie vit au rythme de l'avancée du projet de loi dédié à la concurrence. Son objectif ? Contenir la spéculation. La lutte contre ce phénomène vient de s'accélérer, puisque l'avant-projet de loi sur la concurrence qui élargira la liste des produits de large consommation qui sont soumis à des marges bénéficiaires fixes est en cours. Le gouvernement se penchera très prochainement en conseil des ministres sur ce texte censé recadrer la concurrence dans un secteur ultra-dominé par la spéculation. C'est ce qu'a affirmé jeudi le ministre du Commerce, M. Hachemi Djaaboub, qui s'exprimait en marge d'une visite qu'il a effectuée à Tissemsilt. Le ministre a indiqué que cet avant-projet de loi, qui a été déjà présenté devant le conseil du gouvernement, vise à «mettre un terme à l'avidité de certains qui exploitent les occasions pour spéculer, tout en préservant la liberté des prix». Le projet de loi modifiera, amendera et complétera l'actuelle loi sur la concurrence. La nouvelle loi étendra également la liste des produits subventionnés. Les marges bénéficiaires sur certains produits sont déjà réglementées, comme les médicaments, les carburants, le lait pasteurisé. En prévision du mois de Ramadhan, le ministre qui s'appuie sur des données des directions des services agricoles (DSA), prédit «une stabilisation des prix des produits alimentaires». «Le mois sacré coïncidera cette année avec la récolte des légumes secs, les produits maraîchers et les fruits. Les prix du pétrole, du café, du sucre et du lait ont enregistré une stabilité sur le marché mondial», a-t-il observé. A cet effet, le ministre a indiqué que le gouvernement a pris des mesures «concrètes» pour garantir la suffisance du marché en viandes rouges et blanches et en lait. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a été instruit afin de fournir des quantités «considérables» en légumes secs. L'Algérie est à mi-chemin entre la libéralisation du marché et les prix administrés. L'Etat subventionnera quinze produits alimentaires de base et limitera leur prix pour tenter de contrôler l'inflation galopante. Des prix plafonds seront fixés pour les légumes secs, le sucre, le thé et le café, ainsi que pour d'autres produits d'épicerie dont les prix se sont envolés ces derniers mois. Les lentilles ont atteint 140 dinars le kilo, tandis que le prix des sardines frôle les 300 dinars le kilo. Le nouveau projet de loi renforcera la marge de manœuvre des contrôleurs des prix. Le ministère du Commerce aura l'autorité de fixer les marges de profits et les prix des produits et des services par décret exécutif, sur la base des marges de prix suggérées par des experts en la matière et le Conseil de la concurrence qui doit encore être mis en place. Aussi, le ministère du Commerce veut mettre en place une structure de régulation des prix du sucre. Le sucre étant un produit non subventionné est soumis à la loi de l'offre et de la demande, ce qui constitue une contrainte pour que l'Etat puisse intervenir. Par ailleurs, M. Djaaboub a exhorté les entreprises à déposer leurs comptes sociaux au niveau du centre national du registre de commerce avant le 31 juillet, faute de quoi, ces dernières s'exposeront à des mesures coercitives allant jusqu'à la privation de pratiquer le commerce extérieur et de participer aux appels d'offres publics. En 2009, sur 92.000 entreprises implantées sur le territoire national, 66.000 n'ont pas effectué cette procédure.