La Bourse du Caire récompensera désormais l'investissement socialement responsable et la bonne gouvernance, grâce à un indice éthique géré par l'agence de notation Standard & Poor's. Une première en Afrique et au Moyen-Orient. Les entreprises cotées à la Bourse du Caire peuvent désormais être évaluées sur leurs performances en matière de responsabilité sociale et environnementale et de bonne gouvernance. La place, qui occupe la deuxième marche du podium en termes de capitalisation à l'échelle africaine, derrière l'Afrique du Sud, vient, en effet, de se doter d'un indice éthique. Opérationnel depuis le 28 mars dernier, cet indice intitulé ESG Index (Environment, Social and Governance Index), permettra d'évaluer, dans une première étape, trente entreprises égyptiennes, sélectionnées parmi les 100 plus grandes capitalisations de la Bourse du Caire. Orascom Construction Industries, El Ezz Steel Company, Talaât Moustafa Group, Orascom Télécom et EFG Hermes figurent parmi les entreprises sélectionnées sur la base de leurs performances extra-financières. L'indice, premier en son genre en Afrique et au Moyen-Orient, a été élaboré par l'agence de notation financière Standard & Poor's, l'Egyptian Institute of Directors et le groupe indien Crisil, leader mondial du conseil et d'évaluation extrafinancière des entreprises. Sa gestion a été, toutefois, confiée exclusivement à l'agence de notation londonienne, selon un communiqué publié par la Bourse du Caire. Le nouvel indice, dont la création a été annoncée le 23 mars par le Premier ministre égyptien Ahmed Nazif, à l'occasion d'une conférence nationale sur l'investissement socialement responsable (ISR), se base sur des sous-indicateurs mesurant les pratiques des entreprises en matière de gouvernance (éthique des affaires, corruption, transparence au niveau de la rémunération des dirigeants ), et de responsabilité sociale et environnementale (prise en compte des droits humains, évaluation des risques environnementaux, création d'emplois..). Ces sous-indicateurs seront mis à jour régulièrement, à partir des informations communiquées par l'entreprise ou par d'autres acteurs de la vie économique et sociale du pays, comme les fournisseurs et les clients des entreprises notées, ou encore, les syndicats et les médias. Développement durable L'Egypte est ainsi devenue le deuxième marché émergent à se doter d'un indice boursier éthique, après l'Inde. Pour les autorités égyptiennes, l'indice ESG 30 constitue non seulement « une composante financière de la stratégie nationale de développement durable », mais aussi un moyen pour améliorer davantage l'environnement des affaires dans le pays. « Notre objectif à long terme est d'instaurer une nouvelle culture entrepreneuriale fondée sur la préservation de l'environnement, la protection des droits de l'Homme et la lutte contre la corruption », a déclaré Mahmoud Mohieddin, ministre égyptien de l'Investissement, à l'occasion du lancement de l'indice. Selon Standard & Poor's, l'évaluation des entreprises égyptiennes sur leurs performances en matière de développement durable, de responsabilité sociale et de bonne gouvernance, constituera un « indicateur de visibilité » que les entreprises peuvent utiliser dans leur communication. « Une entreprise qui respecte les principes éthiques restaure son authenticité, ainsi que son attachement à des valeurs morales, et affiche, par conséquent, un avantage compétitif sur ses concurrents », a indiqué Robert Shakotko, directeur du département des Indices chez la première agence de notation internationale. Définitivement remise de la crise Selon lui, l'indice éthique de la Bourse du Caire peut également servir d'outil d'aide à la décision pour les investisseurs et les gestionnaires d'actifs. Ces derniers peuvent désormais fonder leurs choix d'investissements sur des critères extra-financiers au lieu de s'intéresser uniquement à la rentabilité et au risque. Le lancement du nouvel indice intervient à l'heure où la Bourse du Caire s'est définitivement remise de la crise financière internationale. Après avoir chuté de 56,4%, en 2008, en raison de son exposition aux mouvements de capitaux étrangers, la place a repris sa marche en avant en 2009, avec une progression de 35% sur un an, pour son principal indice, l'EGX 30, même si la débâcle de Dubaï a pesé sur la fin d'année. Durant le premier trimestre 2010, la seconde capitalisation boursière du continent (83,58 milliards de dollars au 31 mars) a enregistré une croissance de 13,4%. Le Cairo Stock Exchange doit ses bonnes performances à un retour en force des fonds anglo-saxons, attirés par la taille et la liquidité du marché.