A tous ceux qui, dans les djebels, le côtoyaient quotidiennement, il répétait souvent: «la révolution a ses propres conditions que nous avons pleinement acceptées. Parmi ces conditions, celle du martyre sans lequel il n'y aura jamais d'indépendance. Et les tombes des Chouhada, qui parsèmeront le sol algérien, seront et resteront à jamais les témoins vivants de ce martyre». Il: c'était le colonel Si M'hamed Bouguerra, alors commandant de la wilaya IV historique, qui fut rappelé à Dieu, en chahid et les armes à la main, le 05 mai 1959 dans la région de Ouled Bouachra, à 37 km au sud-ouest de Médéa. Cette petite commune, relevant aujourd'hui de la daïra de Si Mahdjoub, avait encore une fois, rendez-vous avec l'histoire en cette journée printanière mais extrêmement glaciale de mercredi dernier, à l'occasion de la commémoration du 51e anniversaire de la mort de cet illustre héros de la révolution algérienne. Une commémoration qui était rehaussée par la présence de M. Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), le colonel Youcef Khatib, dernier commandant de la wilaya IV historique, le commandant Bousmaha dit «Moh El-Berrouaghi»... qu'accompagnaient toutes les autorités locales civiles et militaires ainsi qu'une foule très nombreuse composée de djounoud et d'officiers de l'armée de Libération nationale (ALN), compagnons d'armes du chahid. Qui était le colonel Si M'hamed Bouguerra? De son vrai Ahmed Benlarbi Bouguerra, il vit le jour un jeudi 2 décembre 1926 à Khémis-Miliana, dans l'actuelle wilaya d'Aïn Defla. Il fit ses études primaires à l'ex-école La Fayette, aujourd'hui école Hamdane Kelkouli, à Khemis Miliana. A l'âge de 18 ans, il se rend en Tunisie pour poursuivre ses études à l'université Zitouna où il reste une année». Deux années auparavant, il avait adhéré aux Scouts musulmans algériens (SMA) ainsi qu'au club sportif de Khemis Miliana, le SCAF ou Sporting Club d'Affreville, afin de mieux couvrir ses activités politiques. Après les massacres du 08 mai 1945, et sa première arrestation politique, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) puis au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Ce qui lui valut une deuxième arrestation. Ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre, à sa sortie de prison, ses activités politiques jusqu'au déclenchement de la guerre de Libération nationale et s'engagea corps et âme pour l'objectif sacré, à savoir l'indépendance de l'Algérie. Désigné adjoint politique en 1955, il est promu au grade de commandant en 1956 et participera au Congrès de la Soummam, le 20 août de la même année, à l'issue duquel il est désigné responsable politique au sein du conseil de la wilaya IV. En 1958, il est promu au grade de colonel, commandant de la wilaya IV. Il participera ainsi à la réunion des responsables des six wilayas du pays, du 6 au 12 décembre 1958, dans les maquis de la région d'El Milia, dans le Constantinois. Il participa à de nombreuses batailles historiques à l'image de celles qui eurent lieu à Djebel Bouzerga, Oued El-Maleh, Hannacha, Mongorno, Oued Fodda comme il fut également le catalyseur et le rassembleur jusqu'au moment où il rencontra une mort glorieuse au cours de cette après-midi du mardi 5 mai 1959. En marge de cette cérémonie de recueillement et du souvenir, la délégation officielle a procédé à des baptisations d'établissements scolaires et à l'inauguration de deux infrastructures culturelles ainsi qu'une mosquée. Ainsi, à Médéa, le tout nouveau CEM du quartier du 24 février (ex-Souk El-Fellah) a pris le nom du moudjahid Haouari El-Haouari, ex-secrétaire de l'ONM pour la wilaya de Médéa, décédé le 06 mars dernier dans un accident de la route. Il en a été de même à Bouaïchoune, dans la daïra de Si Mahdjoub, où le CEM a pris le nom du chahid Ennaâr Kirdi. Une commune qui a également bénéficié d'une salle de lecture qui a été inaugurée à l'occasion de cette commémoration du 51e anniversaire de la mort, au champ d'honneur, du colonel Si M'hamed Bouguerra. A Si Mahdjoub enfin, il a été procédé à l'inauguration de la mosquée «Errahmane» ainsi qu'une bibliothèque communale.