Les cheminots veulent poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à obtention de gain de cause. Selon Abdelkrim Hamadache, syndicaliste à la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), lors des assemblées générales tenues hier durant la journée dans plusieurs régions du pays, «les travailleurs ont exprimé leur opposition à toute reprise tant que leurs doléances ne sont pas prises en charge». Il était même prévu, ajoute la même source, «de tenir d'autres assemblées dans la soirée» d'hier pour décider des suites à donner après le round de négociations qui était en cours entre la direction de la SNTF et des membres de la fédération des cheminots. Au deuxième jour de cette grève surprise, presque aucun train n'a circulé hier à partir d'Alger. A 7 h du matin, les guichets étaient fermés à la Gare de l'Agha. Hormis le préposé à la sécurité qui fouillait les sacs à l'entrée, aucun cheminot, pas même au service de l'information, n'était à son poste. A cette heure de grande affluence, notamment pour les lignes de banlieue, les usagers venaient et repartaient aussi vite pour d'autres moyens de transports. «Allo, tu es déjà loin ? Tu peux revenir me chercher s'il te plaît, parce qu'il n'y a aucun train, ni pour Oran ni ailleurs. Ils sont en grève», lance une dame à son fils qui venait juste de la déposer devant la gare de l'Agha. Le train rapide de 8 h du matin en direction d'Oran n'a pas circulé hier. Les autres lignes ne sont pas mieux loties. Vers la mi-journée, les responsables de la SNTF faisaient état d'un taux de circulation des trains de l'ordre de 10% à 25%, selon les lignes. En effet, selon le Directeur des ressources humaines de la SNTF, Noureddine Dekhli, seul un train sur dix a circulé hier pour les lignes de banlieue, contre 15% pour les lignes régionales et 25% pour les grandes lignes. M. Dekhli confirme que la liaison Alger-Oran (rapide) n'a pas été effectuée. «Ceux venus d'Oran ne sont pas retournés ce matin», nous a-t-il déclaré. La liaison vers Constantine n'a pas été assurée également. Les étudiants de l'Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB Bab Ezzouar) résidant dans le centre de la capitale ont dû se rabattre sur les bus du COUS pour rejoindre leurs amphis. A la question de savoir si la direction comptait discuter avec les grévistes, le DRH affirme que les responsables de la SNTF ne discutent qu'avec les «représentants des travailleurs», quand bien même ce n'est pas le syndicat de l'entreprise qui a appelé à cette grève. Pour certains syndicalistes, «en retrait», cette grève n'aurait pas eu lieu si «la grille salariale avait été bien négociée». Jusqu'aux environs de 16h, rien n'avait filtré sur la réunion entre le syndicat et les dirigeants de la SNTF. L'objectif affiché dès le départ par la direction était d'assurer un service minimum pour les voyageurs et «d'essayer de maintenir le transport de fret pour les marchandises stratégiques», selon M. Dekhli. Le service fret de la SNTF transporte plusieurs catégories de marchandises dont le sable, les produits sidérurgiques, le ciment, les carburants, et les phosphates. Aucun chiffre ne nous a été communiqué concernant les conséquences de la grève sur ce segment du transport ferroviaire. En tout cas, même «non syndiquée», la grève lancée par les cheminots a bel et bien paralysé la quasi-totalité des services de la SNTF.