Toutes les chancelleries à Alger comme à Paris savent que les relations entre les deux pays traversent une période absolument exécrable, avec cette ambiance typique qui caractérise des rapports conflictuels passionnés et pourtant si proches d'un accord historique sur une refondation durable. Paris comme Alger savent que le moment n'est pas encore venu de faire table rase de beaucoup de dossiers qui bloquent l'avènement d'une ère politique sans nuages à l'horizon. La semaine dernière à Nice, lors du 43e sommet France-Afrique, le Président français Nicolas Sarkozy le reconnaît lui-même: «Il faudra du temps» pour une restauration complète des relations entre les deux pays. Même s'il ne dit pas qu'il a été piégé, tout comme son prédécesseur Jacques Chirac, par un vote d'une résolution en février 2005 tout à fait contraire à la marche de l'histoire par le Parlement qui a «glorifié le passé colonial» de la France. Cela est intervenu au moment où l'Algérie et la France étaient bien parties pour signer un accord d'amitié qui ouvrirait la voie à une ère nouvelle entre les deux pays. Depuis, c'est la morosité (politique) qui perdure. Pour autant, tout n'est pas noir ni catastrophique entre les deux pays car, dans le domaine des affaires, le dynamisme des PME des deux pays est réel. En fait, Alger et Paris parlent également un autre langage, autre que politique : celui des affaires, du commerce et du négoce. Cela n'est un secret pour personne, d'autant que les deux pays veulent développer davantage leur coopération économique et commerciale. Cette «fringale» des affaires entre opérateurs français et algériens a été une nouvelle fois constatée lors de la 43e Foire Internationale d'Alger (FIA). Présentes en force avec un pavillon qui affiche 90 PME présentes à la FIA, les entreprises françaises «veulent créer des sociétés communes avec des entreprises algériennes pour produire en Algérie où leurs activités étaient jusque-là limitées principalement à la vente», a souligné, jeudi à Alger, Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) . Pour lui, «il y a beaucoup de parallèles à faire entre les entreprises algériennes et françaises. Nous voulons travailler ensemble. C'est le message que je voudrais délivrer aujourd'hui», a-t-il ajouté lors d'un point de presse. Il affirme encore que «il y a de très fortes potentialités (d'investissement) en Algérie mais, jusque-là, on ne travaille pas du tout assez ensemble. On vient vendre des produits, puis on s'en va. Ça, c'est pas intéressant», a-t-il ajouté. «Je représente de vraies entreprises de production. Je suis venu parler de ce qu'on pourrait faire ensemble dans un but de construction, comme la création de joint-ventures. On pourrait être amenés à créer des entreprises qui produiraient des machines», a précisé M. Roubaud. L'Algérie, hors OCDE, est toujours le premier partenaire commercial de la France. Ce pays est également le premier investisseur étranger hors hydrocarbures en Algérie, selon le service économique de l'ambassade de France à Alger. Fin 2009, les transactions commerciales entre les deux pays avaient atteint près de 9 milliards d'euros, dont 7,75 Mds d'euros de produits exportés par les PME françaises sur le marché algérien. L'Algérie est le 1er client de la France au Maghreb et son 4e fournisseur. Avec un déficit de la balance commerciale entre les deux pays de plus de 7 milliards d'euros environ en faveur de la France, les relations commerciales entre les deux pays, malgré quelques passages de zones de turbulences, restent quand même plus vigoureuses que celles «politiques». Quelque 430 entreprises françaises sont actuellement présentes en Algérie, dont des banques et des assurances, et qui emploient plus de 35.000 personnes.