Le Maroc dépend exclusivement du marché international pour sa consommation en produits d'hydrocarbures, et à plus de 50% pour sa production d'électricité. Les centrales thermiques comme celle de Djorf Lasfar, au sud de Casablanca, fonctionnent au fioul, et cela pèse sur les dépenses publiques avec une facture annuelle de presque 40 à 50 milliards de dirhams. Avec le projet de parc éolien de Dhar Saadane, le pays veut produire plus proprement son énergie électrique. Le plan de production électrique de Dhar Saadane, ou Tanger I, a été lancé fin juin dernier, presque huit mois après le lancement d'un autre grand projet de production d'électricité à partir du solaire. Selon ses concepteurs, Dhar Saadane, situé près de la ville de Tanger, sur le détroit de Gibraltar, est le plus grand parc éolien d'Afrique. Avec une capacité de production de 140 MW, il a nécessité un investissement mixte global de 2,75 milliards de DH. Il est financé en partie par la Banque européenne d'investissement (BEI), l'ICO, un organisme public espagnol de crédit, et l'agence de coopération internationale allemande KFW. Le Maroc, pauvre en gisements d'hydrocarbures, veut contourner cet obstacle géologique, et, surtout, alléger le fardeau de ses dépenses d'énergie, qui grèvent lourdement son budget, en produisant le complément de sa consommation énergétique à partir de l'énergie éolienne. La région du détroit, près de Tanger, est riche de cette «matière», les vents qui labourent à longueur d'année cette parie du Maroc, entre l'Atlantique et la Méditerranée. Des dollars pour dompter le Vent Le programme marocain intégré d'énergie éolienne prévoit, avec un investissement total de 31,5 milliards de DH, soit quelque 3,5 milliards de dollars, la construction de cinq nouveaux parcs éoliens à l'orée de l'an 2020. Cinq sites de production d'énergie électrique à partir de l'éolien, notamment implantés à Tanger, Tétouan ou Taza, atteindront une puissance installée de 1.000 MW, soit 19% de la puissance électrique du pays actuellement installée. Ils produiront surtout près de 3.305 GWh/an d'électricité. Et, vers 2020, la production d'énergie électrique provenant de l'éolien devrait ainsi atteindre 2.000 MW. Avec le plan solaire (production de 2.000 MW/an d'ici 2020), le parc éolien du Maroc devrait permettre l'économie de 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) d'énergie fossile, soit 1,25 milliard de dollars par an. Avec la production d'électricité à partir de l'hydraulique (exploitation des barrages), le Maroc produira vers 2020 près de 42% de ses besoins énergétiques, l'hydraulique, l'éolien et le solaire devraient chacun représenter 14 % de la capacité électrique marocaine. Cerise sur le gâteau, ces programmes de production d'énergie propre permettront une réduction de l'émission de 9,3 millions de tonnes de CO2. Et au Maghreb ? Au niveau maghrébin, l'ambition du Maroc de ne plus dépendre des hydrocarbures pour sa consommation énergétique, encore moins pour sa production d'électricité, est un bel exemple, qui gagnerait à être développé en commun avec les pays de la région, puisque «les gisements financiers pour ce type de projets existent. Ils sont au sein de la commission européenne, il suffit de les solliciter, c'est tout», estime un observateur d'un pays maghrébin, selon lequel «l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et la Libye ont de quoi faire tirer la locomotive maghrébine, même en soutenant à bout de bras la Mauritanie, vers plus de prospérité et de modernisme».