Fidel Castro a donné, lundi dernier, sa première interview à la télévision depuis trois ans. Le père de la révolution cubaine a notamment mis en garde contre le risque de guerre nucléaire susceptible d'être provoquée par la volonté des Occidentaux, instruments d'Israël, d'en découdre avec l'Iran. Une intervention qui coïncide avec la libération de 52 prisonniers politiques, dans un geste sans précédent depuis la grâce accordée en 1998 à 101 prisonniers politiques, peu avant la visite du pape Jean-Paul II, alors que Fidel Castro était encore aux commandes. Depuis une opération en urgence en 2006, le commandant en chef semi-retraité, aujourd'hui âgé de 83 ans, commente régulièrement l'actualité internationale en livrant ses «réflexions» sous forme de chroniques à Granma, le journal du parti communiste cubain. Ses interviews sont donc rares et d'autant plus significatives. Dans ce récent entretien avec un journaliste cubain de près d'une heure, le Lider Maximo a exprimé une très vive préoccupation quant à la paix du monde. «Je crois que le danger d'une guerre augmente beaucoup Je n'ai aucun doute qu'à partir du moment où les navires de guerre américains et israéliens tenteront d'inspecter le premier cargo iranien, ce sera exactement le commencement de la terrible guerre», a-t-il notamment déclaré. Fidel Castro considère que, par effet d'induction, la Corée du Nord, la Chine et la Russie seront entraînés dans le conflit. Il a mis en exergue le rôle particulier de la France et de la Grande-Bretagne, alliées déterminées de l'axe Washington-Tel-Aviv, dans le crescendo de sanctions imposées à Téhéran. Le vieux guérillero a notamment déploré que la Chine et la Russie n'aient pas exercé leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour faire obstacle au quatrième train de sanctions votées contre la République islamique en juin dernier. Fidel Castro a souligné le caractère agressif de l'Empire qui se traduit par la course effrénée aux armements des Etats-Unis, qui «dépensent plus que la totalité des autres pays réunis pour la défense». Pour lui, il ne fait guère de doute que les Américains et leurs alliés s'apprêtent à frapper l'Iran, probablement au cours de l'automne 2010. Refusant de se poser en prophète de mauvais augure, le chef de la Révolution cubaine, homme politique d'expérience et particulièrement bien informé, a déclaré qu'il fondait son raisonnement sur les déclarations américaines, les résolutions onusiennes et l'observation des mouvements militaires autour de l'Iran et de ses alliés. Fidel Castro n'a en réalité fait qu'exprimer de manière claire et didactique ce que de nombreux observateurs de la scène politique internationale appréhendent avec une inquiétude croissante. L'arrogance des Occidentaux et la volonté d'imposer leurs vues par la force s'opposent frontalement à l'esprit de résistance des Iraniens qui proclament leur droit à la technologie nucléaire civile. Les conséquences d'une aventure militaire contre l'Iran sont imprévisibles, mais la guerre semble inscrite dans un scénario déjà finalisé. Ceci d'autant que la crise économique et sociale, aggravée par une véritable déliquescence morale, contribue à alimenter la logique infernale développée par la «Civilisation». Le vieux résistant anti-impérialiste a parlé. Ceux qui «poursuivent des visées illégitimes et des intérêts bassement matériels », selon la formule de l'homme de la Sierra Maestra, resteront sourds à la voix du droit et de la raison. La parole vigilante de Fidel est entendue par tous les hommes de paix à travers le monde.