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De la contre-nature du compter sur l'autre !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 07 - 2010

Même s'il est vrai que tout n'est pas si noir dans un pays où l'or dit «noir» est une autre manière d'apprendre à compter sur… l'autre, que serait-on devenu si le liquide trop précieux, puisé du fin fond d'un sous-sol trop généreux, n‘était pas convertible cash en pain béni pour le commun des pétro-dépendants hypocondriaques que nous sommes !? Nos «déclinologues», à nous, parient sur un épuisement total de la matière fissile dans cinq lustres, au plus tard. Une réalité prise par-dessus la jambe, dans un pays où le subconscient collectif croit toujours que Dieu ne donna point la vie, si la Terre ne suffisait pas à nourrir (jusqu'au rôt) ses milliards d' «occupants». Ici scénario-catastrophe raconté en voix off sur le drame d'un douar dont les villageois ne moururent jamais de faim,… faute de pain frais.
Par un jour sans lumière, Chalachou, en bon chef du douar, fut informé par ses sbires, rusés comme des singes, d'une curieuse maladie mentale qui rendit fous la moitié des villageois. La raison, a-t-on écrit dans le bon dos de Chalachou, serait l'eau du puits qui aurait été empoisonnée par une main venue de très loin. Intrigué pour la santé de la moitié de ses sujets, Chalachou, en homme tutélaire du douar, réfléchit la tête tremblante, à la solution qu'il ne trouva point. Il décida alors d'un conseil de crise avec ses satrapes de nervis. Ces derniers lui conseillèrent de tuer sur le champ la moitié des habitants du douar pour éviter qu'ils ne contaminent l'autre moitié (restée sage !) et se retrouver, donc, avec le scénario cauchemardesque d'un village-fantôme. Horrifié à l'idée de sacrifier la moitié de ses congénères, Chalachou passa de longues nuits blanches à gamberger sur le mauvais sort jeté à son douar, pourtant si paisible et si loin de tous les tourments concupiscents de la civilisation du tout-manger.
A l'aube d'une journée où il tomba du ciel une pluie de pierres de couleur rouge sang, Chalachou, juché sur la plus haute colline du douar, eut une idée si «éclairée» qu'il glaça le sang à tous ses affidés anthropophages, réunis pour la «solution finale». Il réclama d'abord une outre en peau de chameau remplie d'eau, puisée du puits qui rend foldingue, avant d'en prendre lui-même deux gorgées bien fraîches sous le regard tétanisé de ses sbires, sentant enfin le «dernier coup» se jouer sur leurs grosses têtes, toutes couvertes d'un tissu blanc. Devenu comme fou, Chalachou, le maître du douar, exigea de ses vizirs de boire, eux aussi, chacun une tasse de l'eau empoisonnée. Devenus barjos à leur tour, ils jurèrent à Chalachou loyauté et fidélité. Ce dernier, comme transporté par une sagesse prophétique, demanda à ses conseillers «étêtés» de faire boire à satiété de la même eau qui rend fou l'autre moitié du village, «en vertu du principe sacré au pays de Chalachou, de l'égalité des petites gens devant les bons comme devant les mauvais coups du sort», déclamera-t-il, assis en tailleur sur la margelle du puits «habité». Ainsi, le douar de Chalachou retrouva sa quiétude d'antan et se remit à (re) boire de son «eau bénite», en rêvant d'un monde où même les loosers peuvent fermer les yeux à jamais avec la main sur le cœur…


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