Au lendemain des chaleureuses félicitations du Président Bouteflika, la célébration du 11e anniversaire de son accession au Trône a été, une fois de plus, une occasion propice pour le jeune monarque marocain de réaffirmer son attachement à bafouer les lois élémentaires autant du bon voisinage que celles du respect des peuples à disposer d'eux-mêmes. Hier vendredi, le Roi Mohamed VI a martelé que le Maroc est toujours décidé à s'approprier le territoire du Sahara Occidental. Mohamed VI revient ainsi sur la proposition marocaine relative à une large autonomie au Sahara Occidental, qu'il avait présentée comme sa solution pour régler le conflit avec le Front Polisario, aux négociations de Manhasset. «Il s'agit, en effet, d'une initiative audacieuse qui demeure une proposition réaliste, innovante et consensuelle, et qui vise à trouver une solution définitive à ce différend régional, dans le cadre de l'ONU», a-t-il affirmé dans son discours du trône, ajoutant que le Maroc est disposé «à continuer à soutenir les efforts de l'Organisation onusienne, de son Secrétaire général et son Envoyé personnel». Il précisera, en outre, qu' «en tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara». Le ton est clair, la volonté également d'occuper indéfiniment le Sahara Occidental, et d'en spolier son peuple de toute liberté. Le discours du monarque marocain, en fait, ne surprend pas. Il reste fidèle à cette logique politiquement suicidaire au regard des défis qui attendent la région maghrébine. Car s'il s'obstine à refuser tout droit au peuple sahraoui de s'exprimer sur son avenir, il commet cependant cet impair diplomatique d'accuser cette fois l'Algérie d'être derrière le blocage des résolutions pertinentes des Nations unies pour trouver une issue démocratique au conflit. Selon lui, il faudrait que «l'Algérie cesse de contrarier la logique de l'Histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Avant de suggérer «qu'elle (l'Algérie, ndlr) renonce à ses manoeuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par ( ) l'initiative d'autonomie pour nos provinces du sud». Pour le roi du Maroc, il ne fait ainsi aucun doute qu'Alger est derrière le blocage de l'intégration du Sahara Occidental à la carte géographique du Maroc. Il est clair que, devant l'impasse dans laquelle la politique d'occupation prônée par le palais royal a plongé le dossier de décolonisation au Sahara Occidental, depuis 1975, Rabat cherche à se justifier aux yeux de l'opinion internationale. Radicalisant son discours, Mohamed VI ajoutera que le palais royal va dorénavant, mettre le Sahara Occidental «en tête des bénéficiaires du processus de régionalisation avancée». Le même discours, élaboré pour doper le nationalisme de l'opinion publique marocaine, même en montrant un pays voisin comme une entité menaçante pour la sécurité du pays, le Maroc, selon Mohamed VI déploiera»des efforts accrus pour la levée du blocus imposé à nos citoyens dans les camps de Tindouf, et pour leur permettre d'exercer leur droit légitime au retour à la mère patrie pour y retrouver leurs familles et leurs proches, conformément aux conventions internationales pertinentes.» Ce que ne dit pas le souverain marocain, c'est cette propension du makhzen de considérer le Sahara Occidental et son peuple comme des sujets d'une monarchie en perte de vitesse dans ses fondements par rapport à un monde dorénavant débarrassé du concept éculé et dégradant du colonialisme. Mieux, ce discours, après celui sur l'anniversaire de la fameuse «Marche Verte» où des dizaines de milliers de Marocains ont été payés par le palais Royal pour occuper les villes du Sahara Occidental, alors évacué par l'Espagne, augure de difficiles négociations en perspective pour l'émissaire du SG de l'ONU pour ce dossier, le diplomate américain Christopher Ross. Comme il montre une fois encore, tout le ressentiment du makhzen et de la monarchie marocaine envers un pays voisin, qui n'est pas partie prenante au conflit, mais qui a juste montré, depuis longtemps, sa disponibilité à aider les parties impliquées dans ce dossier de décolonisation, à dépasser leurs divergences pour appliquer les résolutions pertinentes de l'ONU. Et de rester fidèle aux principes de sa glorieuse révolution.