L'un des hauts responsables de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a rappelé, hier mardi à Boumerdès, que les Sahraouis restent plus que jamais attachés à un processus référendaire d'autodétermination comme solution idoine pour un règlement politique définitif pour l'avenir de ce territoire. M. Brahim Ghali, ambassadeur de la RASD à Alger, qui participe aux travaux de la Coordination nationale de l'université d'été des cadres du Sahara Occidental, a déclaré que «la révolution sahraouie est inébranlable et s'inscrit dans la durée». «Elle se nourrit de la conviction que la victoire sera tôt ou tard atteinte, quelles que soient les voix qui s'élèvent çà et là, des voix qui ne sauront point entamer la détermination du peuple sahraoui», a-t-il encore précisé. L'intervention de M. Brahim Ghali, général et ancien ministre de la Défense, qui a été nommé à Alger après avoir dirigé l'ambassade de la RASD à Madrid, coïncide avec une campagne médiatique du Maroc au profit de son projet d'autonomie au Sahara Occidental, qu'il a proposé dans le cadre des négociations de Manhasset avec le Front Polisario. C'est, en fait, une réponse directe aux propos d'un responsable sahraoui de la police, qui a fait défection pour rallier le Maroc. «Les traîtres n'entameront point la détermination des Sahraouis à poursuivre leur lutte pour leur autodétermination, conformément aux chartes internationales», a martelé Brahim Ghali. Le Sahraoui qui a fait défection, présenté comme étant Moustapha Salma Ould Sidi Mouloud, 42 ans, a, dans une conférence de presse organisée par les autorités marocaines à Smara occupée, souligné être «favorable à ce que le dialogue entre le Polisario et le Maroc s'ouvre sur la base du plan d'autonomie proposé par le Maroc», ajoutant que «je retournerai dans les camps de réfugiés sahraouis pour défendre cette option». Il est présenté comme ayant occupé la fonction d'inspecteur général de la police du Polisario et membre de la direction générale de la police. «Je vais retourner pour sensibiliser le Polisario à l'option de l'autonomie proposée par le Maroc car elle est conforme aux intérêts du peuple sahraoui», a-t-il ajouté, précisant que «je compte retourner dans les jours qui viennent» dans les camps de réfugiés. Il a également précisé qu'il veut jouer un rôle de médiateur, et que son initiative est «strictement privée et qu'il ne s'agit pas d'une mission pour le compte du Polisario». Pour Ould Sidi Mouloud, «notre peuple a trop attendu, et le temps est venu de trouver une solution qui convienne à l'intérêt et à la dignité des Sahraouis». Mais, pour l'ambassadeur de la RASD à Alger, «la traîtrise est un phénomène historique et social qui n'est pas propre à un peuple donné». «Ce phénomène ne saurait entamer la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la lutte pour son autodétermination», a ajouté l'ancien ministre sahraoui de la Défense. Depuis le cessez-le-feu, entré en vigueur en 1991, entre le Maroc et le Front Polisario, tous les secrétaires généraux de l'ONU qui se sont succédé n'ont pu mettre en œuvre les conditions idéales pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental, occupé militairement en 1975 par Rabat après l'évacuation du territoire par les Espagnols. Toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité pour la résolution par des voies démocratiques du conflit et l'organisation par la Minurso d'un référendum d'autodétermination ont buté sur l'intransigeance du Palais royal à occuper indéfiniment ce territoire et défier la communauté internationale. Et, depuis l'éclatement du conflit, plusieurs responsables sahraouis avaient, également, fait défection pour être aussitôt utilisés par le Maroc pour sa politique de propagande. Et, si le Front Polisario accepte, dans le cadre des négociations de Manhasset, en «stand-by» depuis le round VI en mars 2008 mais en cours de réactivation, toutes les options, y compris la proposition marocaine d'une large autonomie au Sahara Occidental, Rabat, par contre, ne tient pas compte de la proposition sahraouie d'un référendum d'autodétermination pour ce territoire. Et, lors du discours de la fête du Trône fin juillet dernier, le Roi Mohammed VI a confirmé que le Maroc continuera à occuper ce territoire : «en tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara». En réaction au discours du monarque marocain, les autorités sahraouies avaient mis en garde la communauté internationale contre cette attitude du Maroc, qui n'a «aucune volonté sincère de coopérer de manière constructive en faveur d'une paix durable et définitive, conformément à la légalité internationale», estimant dans un communiqué du ministère sahraoui de l'Information, que «le discours (du roi du Maroc) consacre la politique expansionniste marocaine, adoptée depuis plus de 35 ans».