Le projet d'ouverture par Quick dès le mois prochain de 14 restaurants dans des villes françaises et ne servant que de la viande halal, conforme aux rites musulmans, a suscité des réactions souvent hostiles notamment de la part de maires de localités ciblées. C'est le cas des deux élus de Seine-Saint-Denis qui ont exprimé leur opposition à un tel projet, initié par l'enseigne de restauration rapide Quick, basée à Roubaix, et ce sur la base de l'expérience concluante lancée depuis l'hiver dernier dans huit autres établissements en France, à Toulouse, Argenteuil et Garges-les-Gonesse (Val d'Oise), Buchelay (Yvelines), Villeurbanne (Rhône), Marseille (Bouches-du-Rhône) et Roubaix (Nord) en proposant des hamburgers garnis de viande de bêtes abattues selon les rites musulmans et dans lesquels la dinde fumée remplace le bacon. Le projet, actuellement en gestation, sera exposé plus clairement le 31 août prochain à Paris par les responsables de cette chaîne alimentaire lors d'une conférence de presse notamment pour dévoiler les noms des restaurants qui vont offrir la formule halal. Selon le site d'informations à destination des consommateurs musulmans Al-Kanz, trois nouveaux établissements halal seraient prévus dans le département de Seine-Saint-Denis respectivement à Rosny-sous-Bois, La Courneuve et Sevran et que d'autres restaurants du même type seraient prévus à Reims, à Strasbourg et à Chelles, en Seine-et-Marne, Lille, Bordeaux et Marseille. En revanche à Paris, rien n'est annoncé. Fateh Kimouche, le fondateur d'Al-Kanz, ira même à déclarer avoir eu confirmation directement auprès des établissements concernés, à savoir Quick, qui de son côté n'a ni infirmé ni confirmé ces informations. Cette position aurait fait réagir plusieurs milieux de la classe politique française qui estiment que ce projet relève d'un communautarisme, un thème qui a pris forme depuis le début de l'année en cours. En début d'année une polémique a éclaté autour d'un établissement de Roubaix, dans le Nord, où devant le tollé soulevé parmi les élus locaux, Quick avait dû faire des concessions en s'engageant à offrir des produits non halal. Mais cette fois, la chaîne de fast-food risque de se heurter à la grogne des élus comme Claude Capillon, le maire UMP de Rosny-sous-Bois, qui dans les colonnes du Parisien, a assuré avoir eu confirmation du projet auprès du siège de Quick à qui il a adressé un courrier de protestation contre ledit projet qu'il juge «discriminatoire». De son côté, l'élu Gille Poux, maire PCF de La Courneuve, a déclaré : «je ne comprends pas qu'on puisse enlever le choix aux clients actuels qui ne mangent pas halal», en qualifiant cette option de « comportement communautariste, contraire à l'idée que je me fais du vivre ensemble», affirme-t-il. L'enjeu financier est de taille du fait que la restauration halal est un marché estimé à 5,5 milliards d'euros en France et l'enseigne pourrait bien passer outre ces considérations. Le débat sur la spécialisation d'espaces commerciaux pour la nourriture halal remonte à l'année 2002, lorsqu'une épicerie de la région parisienne avait décidé de passer au «tout-halal» et de ne proposer à ses clients ni porc ni alcool. Comme réaction, Manuel Valls, maire PS de la ville, avait vivement protesté et fait fermer le commerce, officiellement pour conditions d'hygiène non conformes, une décision finalement cassée par la justice. Mais devant toute cette polémique, certains consommateurs iront même à douter de la bonne foi des patrons de chaînes alimentaires ou de restaurants qui ont fait de ce solgan un véritable fonds de commerce. Ainsi, certains obseravateurs font remarquer que si les hamburgers à la vente dans les huit restaurants tests de Quick sont halal, les restaurants, eux, ne le sont pas et la bière est ainsi toujours proposée à la vente. C'est ce que relève également le blog Al-Kanz qui va jusqu'à révéler une certification de complaisance et que contre quelques centaines d'euros par mois, un restaurant est certifié halal et est régulièrement contrôlé par un organisme tiers dont la mission est de vérifier que la totalité des produits est halal et ne contient aucun produit non halal. Or la fraude est monnaie courante, comme le rappelait à la fin janvier un article de La Provence, qui estimait que la majorité des produits vendus comme halal à Marseille ne le serait pas.