Mis au banc des accusés par la communauté internationale, particulièrement par les opinions publiques occidentales, Israël fait appel à sa diaspora sioniste : il réunit le Congrès juif mondial à Jérusalem pour une opération de marketing politique. Le Congrès juif mondial (C J M) se réunira les 31 août et 1er septembre à Jérusalem pour mettre en place une stratégie de réhabilitation de l'image de l'Etat d'Israël aux yeux de l'opinion publique mondiale. Plus précisément, ce seront les 150 délégués du Conseil d'administration du C M J, venus des cinq continents, qui vont plancher sur un programme d'actions concertées ciblant les sociétés civiles, en particulier celles du monde occidental qui s'élèvent de plus en plus contre la politique coloniale d'Israël en Palestine et sa violation du droit international. Il était attendu que le mouvement sioniste international réagisse aux multiples « mises en accusation » par la communauté internationale du gouvernement israélien, depuis ses crimes contre le peuple palestinien dans l'opération « plomb durci » de l'hiver 2008-09 ; ses agressions meurtrières contre la flottille humanitaire pour Ghaza et les assassinats de ses services secrets, hors territoire israélien, de responsables palestiniens. Pour habiller la rencontre de Jérusalem des vertus de la générosité et de l'humanisme, le C M J a décidé d'attribuer, pour la circonstance, un prix spécial (et une récompense) à la mission humanitaire israélienne qui s'était engagée dans des opérations de secours en Haïti, au lendemain du terrible séisme qui l'a frappée en janvier 2010. Elie Wiesel, prix Nobel de la paix en 1986, recevra lui aussi la grande distinction et un prix pour sa défense de la mémoire juive et son soutien inconditionnel à l'Etat hébreu. Rien à dire sur ces récompenses si ce n'est qu'elles seront remises par les dirigeants politiques d'Israël, invités à titre officiel au Congrès des juifs du monde. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, sera au côté de l'ex-ministre des Affaires étrangères Mme Tizipi Livni qui a mené les massacres contre Ghaza en 2008-09. Ehud Barak, ministre de la Défense sera au rang des invités de marque ainsi qu'une « brochette » d'autres militaires et religieux, soit tout ce que compte Israël comme partisans de « l'épuration » de la Palestine de ses habitants arabes ou non. Il faut signaler la participation au Congrès de l'ex-Premier ministre espagnol José Manuel Aznar, attendu pour un « discours-plaidoirie » pour la défense de la politique israélienne dans la région. Les organisateurs de la rencontre ne cachent pas la raison de leur montée aux avant-postes pour la défense d'Israël. Ronald Lauder, président du C J M, a déclaré : « Partout, nous assistons à des efforts concertés pour s'attaquer à la légitimité d'Israël Boycott, campagnes de désinvestissement et sanctions sont les plus répandus. Artistes, universitaires, auteurs écrivains, sportifs, etc. sont interdits de participation à des événements Nous devons développer des initiatives proactives pour défendre l'image d'Israël dans un environnement mondial de plus en plus hostile à nos positions. » A cette crainte de l'isolement de l'Etat hébreu, les observateurs remarqueront que le lobby sioniste a décidé de tenir son Congrès mondial au cœur de Jérusalem (et non à Tel-Aviv, capitale d'Israël) comme pour réaffirmer sa volonté de ne pas négocier son partage avec les Palestiniens. La rencontre a été programmée au moment même où le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'apprête à reprendre les négociations de paix avec quelques conditions, notamment celle de l'arrêt des colonies à Jérusalem-Est. La tenue du Congrès mondial juif à Jérusalem est une indication, on ne peut plus explicite, de l'intransigeance du gouvernement de Netanyahou sur les droits des Palestiniens sur Jérusalem-Est. Autant dire que la reprise des négociations israélo-palestiniennes est vouée d'avance à un énième échec. Comment expliquer alors les appels pressants du Premier ministre israélien à la reprise des négociations ces dernières semaines ? En fait, pris en flagrant délit de violation du droit international, mis à nu dans ses opérations de mercenariat hors de ses territoires, acculé par une partie de la diaspora juive, notamment le récent mouvement « J. Call », qui le pousse à la paix en revenant aux frontières de 1967 et en quittant JérusalemEst, dénoncé par les opinions publiques occidentales, le gouvernement sioniste de Netanyahou tente de faire diversion en convoquant dans la ville, trois fois sainte et capitale historique des trois religions du livre, l'autre partie de la diaspora juive pro-coloniale de toute la Palestine qu'est le C M J. Signe de la volonté d'Israël d'engager ce qu'il faut comme moyens financiers pour une opération marketing de son image, la présence au Congrès du gouverneur de la banque d'Israël, Stanley Fischer. A ce stade de la politique, reconnaissons aux dirigeants de l'Etat hébreu la logique dans leur démarche et la fidélité à leur conviction : la mobilisation du lobby sioniste avec les moyens qu'il faut pour justifier par la propagande sa politique coloniale et l'irréversibilité de leur dessein de conquête de toute la Palestine. Aux Arabes, notamment les voisins d'Israël, d'être aussi convaincus de la cause palestinienne et d'agir aussi intelligemment.