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Bonheur individuel et justice collective
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 10 - 2010

«Depuis quand vous attribuez-vous le droit de réduire en esclavage les gens, alors que leur mère les a engendré libres ?» Omar Ibn al-Khattab
Il est souvent dit que les musulmans ne sont pas à la hauteur de leur religion. Cela n'est jamais aussi exact que lorsqu'il s'agit du respect des libertés individuelles. Majoritairement, les musulmans contemporains, on ne peut le nier, peinent à concevoir un ordre sociopolitique où l'observance des préceptes de la religion musulmane ne relèverait que de la libre adhésion et le bon vouloir du citoyen.
Cette question est fondamentale. Non pas seulement, comme beaucoup l'affirment à juste titre, à cause des tensions politiques malsaines et itératives que suscite cette fermeture aux libertés, pour ne pas dire cette intolérance religieuse, dans les sociétés musulmanes telle l'Algérie.
Non pas seulement aussi, comme le soutiennent d'autres avec raison également, du fait des conséquences de ce rejet des libertés sur l'image même de la religion musulmane et de ses adeptes auprès des opinions étrangères. Ni surtout pas, comme l'a écrit récemment un chroniqueur algérien, cette fois à tort, pour stimuler le tourisme en Algérie et augmenter la productivité de l'Algérien.
La question des libertés individuelles est capitale pour un ultime motif à la fois plus simple et extrêmement plus profond, à savoir que ces libertés sont indispensables afin de précisément assurer le bien-être moral de l'individu, et partant, son bonheur.
En effet, sans liberté point de bonheur. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître à prime abord, il n'est de bonheur pour un individu que dans le respect par soi-même et par autrui de son autonomie et de son intégrité morales. Cette autonomie représente un impératif pour le bonheur de chacun de nous parce qu'elle comble un besoin qui nous est aussi vital que celui de respirer.
Sans le respect de cet impératif, nous ne pourrions vivre notre vie selon nos choix existentiels, nos convictions les plus profondes. Or, qu'est-ce qu'une vie qui ne serait que simulacre dicté par la contrainte d'autrui, quand bien même celle-ci serait désintéressée, voire altruiste ? Vivre la vie que les autres choisiraient pour nous et malgré nous, est-ce réellement vivre ? Est-ce vivre, sans parler de vivre heureux, que de vivre sous une camisole de force ?
Evidemment, parler de la liberté en termes d'autonomie morale, c'est d'emblée refuser de la réduire à de simples désirs plus ou moins éphémères et plus ou moins légitimes. Être libre n'a jamais signifié assouvir l'ensemble de nos désirs à n'importe quel prix, d'autant plus si ce sont d'autres personnes qui auraient à payer ce prix en partie ou en totalité. L'autonomie morale renvoie plutôt aux choix qui comptent particulièrement dans nos vies, qui sont significatifs pour notre bien-être moral, qui font de nous ce que nous sommes fondamentalement.
En fait, ce ne sont pas là des choix à proprement parler. Ce sont plutôt des états spirituels, moraux et intellectuels choisis en partie, mais davantage acquis au fil de nos expériences de vie.
Ces états – par exemple être musulman ou ne pas l'être, pratiquer tel ou tel précepte islamique ou ne pas le pratiquer, etc. – dépendent de ce que nos éducations familiales et scolaires, de même que des rencontres significatives mais souvent fortuites de nos vies personnelles et professionnelles, ont bien voulu faire de nous.
Une fois acquis et plus ou moins assumés, ces états façonnent notre être moral et déterminent inéluctablement aussi bien nos comportements privés que publics. Sans être immuables, ces états ne peuvent évoluer ou se transformer que lentement au fil du temps, dans le cadre d'un processus exigeant, jalonné d'interrogations difficiles, de révisions et de remises en cause déchirantes. Vouloir brusquer ce travail intérieur de l'individu avec son intimité, ou chercher à lui imposer une issue artificielle, c'est prendre le risque de blesser son âme et de porter préjudice à son équilibre psychologique.
Il est vrai aussi qu'au-delà même du cercle des désirs, du fait que nous vivons en société, le respect des choix les plus foncièrement moraux de l'individu ne peut également se concevoir sans limites. Vivre en société c'est en effet adhérer, et avant cela construire, un cadre en vertu duquel tout n'est pas permis. Cela, il est aisé pour nous tous de le concevoir. Cependant, il semble plus pénible pour certains d'entre nous de comprendre qu'à l'intérieur de ce cadre rien ne peut être interdit sans raison valable, c'est-à-dire sans que ne soit préalablement faite la démonstration que l'interdiction est elle-même nécessaire pour un vivre-ensemble dont la finalité doit demeurer le bonheur individuel et la justice collective, par l'entremise justement de la protection des libertés individuelles et le respect de l'autonomie morale des individus.
Comprendre la question des libertés de la sorte transforme notre façon de la poser dans le cadre du débat public en cours aujourd'hui dans nos sociétés. Une telle compréhension permet en effet d'arracher cette question à l'appréciation subjective des contenus concrets des libertés accordées ou refusées. Défendre un droit ne devient plus tributaire de notre accord personnel avec les comportements qu'il autorise.
Nous pourrions ainsi reconnaître à nos concitoyens qui le voudraient le droit de vivre une religiosité qui serait à nos yeux plutôt excessivement conservatrice, à l'instar de ces imams salafistes dont l'adhésion à une certaine lecture religieuse amena dernièrement à s'inscrire en faux avec la manière officielle de saluer les symboles de l'Etat algérien, tel le drapeau national. Mais, de la même manière, comme dans le cas des non-jeûneurs d'Aïn al-Hammam, il nous devient possible de refuser à ce même Etat le droit de contraindre à la pratique religieuse d'autres citoyens, moins, non ou autrement croyants, sans que nous soyons obligés de cautionner leur comportement sur le plan religieux.
Bref, comme le disait à sa manière Omar Ibn al-Khattab, voilà maintenant quatorze siècles, une société juste est une société où c'est à l'interdiction de se justifier, la règle étant que les individus naissent libres et doivent pouvoir le demeurer dans le cadre de leur vivre-ensemble.


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