D'un homme rude et dur comme Omar, l'islam en a fait un des chefs d'état les plus justes et les plus magnanimes dans l'histoire de l'humanité. Cet homme qui, étant encore dans l'ignorance du polythéisme, alla jusqu'à enterrer sa fille vivante, s'inquiétait du sort d'une simple mule lorsqu'il devint un chef ayant sous son autorité le plus grand territoire que n'aurait jamais pu posséder un roi ou un empereur. L'auteur de ce miracle est l'islam. Seul le Saint Coran a pu attendrir un tel homme et le faire fléchir. Dans l'ouvrage intitulé Ousoud al-ghaba (les lions de la forêt) d'Ibn Al-Athîr, il est écrit : Omar Ibn El-Khattab – que Dieu l'agrée – a dit : "Aimeriez-vous savoir comment Dieu m'a guidé vers l'islam ?'' On lui répondit : « Oui ! »Il dit : "J'étais l'un des pires ennemis du Prophète paix sur lui. Mais voilà qu'un jour, alors que je marchais, sous une chaleur torride, dans une ruelle de la Mecque, un homme est venu à ma rencontre et m'a dit, sur un air de reproche: Tu prétends vouloir éliminer Mohamed alors que ce qu'il prêche a contaminé même ta famille. Je lui demandais d'être plus explicite, et il me répondit : «Ta sœur a renié la foi de ses ancêtres». Sous le coup de la colère, je me précipitai chez ma sœur pour voir de quoi il retournait. Il faut préciser que le Prophète avait l'habitude de répartir les premiers convertis en petits groupes et de les placer sous la responsabilité et à la charge du plus aisé d'entre eux. C'est ainsi qu'il avait adjoint deux hommes à mon beau-frère. Arrivé à la demeure de ma sœur, je frappais à la porte, décidé à en avoir le cœur net. On a demandé qui était là et j'ai décliné mon identité. Ce fut comme une panique à l'annonce de mon nom. Les gens qui étaient réunis pour lire le Coran et le méditer, en entendant ma voix, avaient quitté précipitamment la pièce où ils étaient, oubliant derrière eux un feuillet du Coran. En m'ouvrant la porte, ma sœur était troublée. Je l'interpellais rudement : 'Ô ennemie de toi-même, on m'a dit que tu avais renié la religion de tes ancêtres !' Devant son silence, je l'ai frappée au visage, provoquant une saignée de sang. Alors, en pleurant, elle m'a répliqué : 'Oui ! Je me suis soumise à Dieu : Fais ce que tu veux !' Puis, je suis entré à l'intérieur de la maison et je me suis assis sur un divan. C'est alors que j'ai aperçu le feuillet dans un coin. J'ai dit à ma sœur : 'Qu'est-ce que c'est ? Fais-moi voir.' Elle me répondit : `Non ! Je ne peux te le donner. Tu n'es pas digne de le toucher ! Tu ne te purifies pas ! Car seuls les gens en état de purification peuvent le toucher.' Je ne cessai d'insister, jusqu'à ce qu'elle me l'eut donné. J'ai commencé à lire : 'Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-miséricordieux !' J'ai aussitôt été saisi de panique et j'ai lâché le feuillet. Reprenant mon calme, j'ai ramassé le feuillet et j'ai continué à lire : Là, je me suis arrêté et, touché par tant d'éloquence et de Majesté, je proclamai : Il n'y a de dieu que Dieu et Mohamed est le Messager de Dieu ! Les gens cachés dans une autre pièce sortirent alors en criant 'Dieu est grand !' Ils me dirent : 'Réjouis-toi, ô Ibn El-Khattab ! Nous avons entendu le Messager de Dieu invoquer Dieu ce lundi en disant : Seigneur, honore l'islam par la conversion de l'un de ces hommes : 'Amr Ibn Hishâm ou 'Omar Ibn Al-Khattâb ! Nous espérions qu'il en soit ainsi !' Je leur ai demandé alors de me montrer où je pourrais trouver le Prophète. On m'indiqua une demeure au bas de la colline de Safâ. Je m'y rendis et, en arrivant, j'ai frappé à la porte en m'annonçant. Les musulmans, connaissant ma dureté et ma haine envers le Prophète , refusèrent d'ouvrir la porte. Mais l'Envoyé de Dieu ordonna qu'on m'ouvrit. Après m'avoir ouvert, deux d'entre eux essayèrent de s'emparer de moi, mais le Prophète leur ordonna de me laisser. Alors, il s'approcha de moi, prit par les vêtements et me dit : 'Soumets-toi à Dieu, Ibn-El-Khattab, il ajouta, ô Seigneur, guides-le !' C'est alors qu'entre ses mains, j'annonçai ma conversion en prononçant l'attestation de foi (shahâda). L'assistance accompagna mon annonce par un Allâhu Akbar (Dieu est grand) que tous les habitants de la Mecque entendirent».