Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a affirmé hier qu'en dépit des effets de la crise économique mondiale qui ont relativement eu des incidences sur l'économie nationale en général et les ressources publiques en particulier, les indicateurs macrofinanciers de l'Algérie se sont relativement consolidés en 2009 et durant le premier semestre 2010. S'exprimant lors de la présentation devant les députés du rapport annuel sur l'évolution économique et monétaire de l'Algérie pour l'année 2009 et le 1er semestre 2010, M. Laksaci estime que cette consolidation des indicateurs macrofinanciers dénote d'«une résilience» face à la recrudescence des risques financiers dans la zone euro. Il a affirmé dans la foulée que cette stabilité financière permettra de «poursuivre le programme d'investissements publics à la faveur de la consolidation des réserves du Trésor». Celles-ci sont estimées par le gouverneur de la Banque d'Algérie à 292,3 milliards DA au titre des dépôts auprès de la Banque d'Algérie. Ces dépôts ont permis, selon lui, de réduire le déficit du Trésor à 61,6 milliards DA pour le premier semestre 2010 alors qu'il était de 228,7 milliards DA pour la même période de l'année 2009. Pour étayer ses dires sur la solidité financière extérieure de l'Algérie, M. Laksaci a révélé que les réserves de change officielles ont atteint 146,23 milliards de dollars au premier semestre 2010 alors que la dette extérieure a été évaluée à 4 milliards de dollars. L'économie nationale hors hydrocarbures a enregistré, selon Laksaci, une forte croissance en 2009 en dépit de la baisse de la demande pétrolière mondiale et ce qu'elle a induit comme baisse de la valeur des exportations et de la fiscalité pétrolière. «La croissance économique enregistrée en 2008 s'est poursuivie au même rythme en 2009 avec 2,4% du PIB global estimé à 10 017,5 milliard DA», a-t-il expliqué. Cette stabilité s'explique par la vitalité d'autres secteurs comme l'agriculture, les services, le bâtiment et les travaux publics, a-t-il précisé. S'agissant de la balance des payements, le gouverneur estime qu'elle a enregistré un solde positif de 7,1 milliards de dollars à la faveur des exportations d'hydrocarbures qui ont enregistré une nette croissance. Les exportations d'hydrocarbures sont passées, selon le chiffre avancé par Laksaci, à 27,6 milliards de dollars, «une hausse de 38,3% par rapport à la même période de l'année 2009», a-t-il précisé, expliquant que cette hausse considérable est due à la hausse des cours du pétrole dont la moyenne est passée de 52,23 dollars au premier semestre 2009 à 77,5 dollars au premier semestre 2010. M. Laksaci a également affirmé que les exportations pétrolières ont enregistré une légère hausse de 1,65% durant la même période. Par contre, en raison du recul de l'importation des produits alimentaires (11%), des autres produits de consommation (30,4%), des produits semi-finis (7,2%) ainsi que celle des biens d'équipement industriels (6,5%), les importations en général ont connu une légère baisse de 1,5%. S'exprimant sur la situation monétaire, Laksaci a indiqué qu'en dehors de la Banque centrale, le flux des dépôts dans les banques a atteint 180 milliards DA, dont 88 milliards DA déposés par Sonatrach. Calculée sur la base de la moyenne annuelle de l'évolution des prix des produits de consommation, l'inflation a quant à elle atteint 5,41% en juin dernier contre 5,74% en décembre 2009. Les crédits bancaires accordés jusqu'à fin juin ont augmenté de 9,35%, selon Laksaci qui explique cette hausse par le rachat des «créances douteuses» des banques par le Trésor pour un montant de 208,5 milliards DA. Des crédits, a-t-il estimé, qui ont bénéficié au secteur public à hauteur de 55,7%. L'excès des liquidité bancaire est estimé quant à lui à 1 100 milliards de dinars, dont la Banque centrale poursuit l'absorption, a expliqué le gouverneur de la Banque d'Algérie. Plusieurs députés qui sont intervenus ont relevé, cependant, à l'instar de Hakim Saheb du RCD, les contradictions contenues dans le rapport, comme le taux de croissance estimé à 9,3% alors que le ministre des Finances avait avancé un taux de 6%. Un député d'El Islah a même demandé une commission d'enquête à ce sujet. Les députés ont également déploré le fait qu'il leur est accordé uniquement 2 jours pour étudier le rapport et ont insisté sur le contrôle des banques, la fuite des cadres bancaires vers les banques étrangères et d'autres points relatifs à la gestion.