Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a présenté jeudi devant les membres de l'APN la déclaration de politique générale de son gouvernement. Le Premier ministre, est revenu par ailleurs jeudi dernier sur le bilan des précédents quinquennats. « La déclaration de politique générale qui vous est présentée cette année se distingue par le fait qu'elle recouvre la jonction entre la fin d'un programme quinquennal, pour ne pas dire d'une décennie complète d'efforts, et le démarrage d'un programme d'investissements publics totalisant plus de 21 000 milliards de DA, soit plus de 280 milliards de dollars pour les années 2010-2014» déclare d'emblée le Premier ministre. Ce dernier, répondant vraisemblablement, aux critiques formulées ici et là sur le bilan du président de la République, a renvoyé «les détracteurs» aux années 1990 «au milieu de la tourmente de la tragédie nationale» et où le baril de pétrole était cédé à peine à 10 dollars au moment, poursuit Ouyahia, où «l'Algérie venait à peine de sortir d'un douloureux ajustement économique structurel». Le Premier ministre, soutient ainsi, que le fait que les électeurs en accordant leurs voix au président de la République à l'occasion des différentes échéances électorales est la meilleure preuve que les objectifs de développement, de sécurité et de réconciliation ont été atteints, même si, précise-t-il, «le retour réel de la croissance se fait encore attendre et ce même dans les pays développés». Ouyahia est revenu sur les réalisations dans tous les secteurs ces dix dernières années. En matière d'habitat, le Premier ministre est catégorique: la crise du logement, affirme-t-il, a été atténuée, avec la livraison de deux millions d'habitations durant la décennie écoulée. Ouyahia annonce par ailleurs que l'effort en ce sens sera poursuivi avec la même intensité grâce à la programmation de 2 autres millions de logements dont 1,2 million seront livrés à la fin de l'année 2014 alors que les 800 000 autres seront en chantier à cette date. Le chef de l'Exécutif a indiqué que l'aménagement des sites urbains sera davantage pris en charge grâce aux 150 milliards de DA qui lui sont destinés dans le nouveau programme quinquennal, soit un montant égal à celui engagé pour le même secteur durant toute la décennie écoulée. Chiffres à l'appui, le Premier ministre a défendu tout au long de son intervention le bilan des deux quinquennats et l'action gouvernementale durant les cinq prochaines années. Investissement, commerce extérieur, nouvelles réglementations Le Premier ministre a saisi jeudi dernier l'occasion pour revenir sur ce qu'il qualifie de «consolidations législatives» qui ont donné lieu, a-t-il fait savoir, à de nombreux commentaires et même des critiques. Ahmed Ouyahia, a déclaré à ce sujet que l'Algérie qui a fonctionné dans le cadre d'une économie socialiste s'est éloignée déjà de cette voie, sans pour autant revenir sur ses constantes nationales en matière de justice sociale et de solidarité nationale. «Quel drame y avait-il à procéder à quelques ajustements de notre démarche d'économie de marché dès lors que ce redressement n'est pas synonyme de rupture avec l'efficacité et la compétitivité économiques ?» «Quel est ce dogme qui, au nom de la liberté d'entreprendre, devrait nous empêcher d'introduire des correctifs à la lumière des constats, des expériences et des circonstances, au moment même où, la crise économique mondiale a réhabilité ailleurs le rôle économique de l'Etat, et surtout remis en cause du primat de la libre spéculation sur l'économie productive?» «Est-ce dire que parce que l'Algérie qui forgeait son expérience libérale, et qui était confronté aussi à la nécessité de rompre voilà dix ans, un embargo international non déclaré, a concédé de larges libertés aux investisseurs étrangers, qu'elle ne serait plus en droit aujourd'hui de reprendre par exemple la majorité dans les investissements extérieurs chez elle, alors que ce même principe prévaut dans d'attrayantes destinations de l'investissement étranger, au Moyen-Orient et en Asie par exemple ?» Ce sont là quelques «questions-réponses» évoquées par Ahmed Ouyahia et qui sonnent comme une mise au point du gouvernement aux entreprises étrangères et de certains opérateurs économiques nationaux qui avaient critiqué les nouvelles mesures réglementaires contenues plus particulièrement dans la loi de finances complémentaire 2009. Ahmed Ouyahia qui déclare ne pas vouloir entretenir une quelconque polémique, dira par ailleurs que l'investissement étranger envers lequel l'Algérie ne cessera pas de multiplier ses appels et qu'elle a tant revendiqué en contrepartie d'une très large ouverture de son marché, n'a pas encore été au rendez-vous. Pour ceux qui font état de blocage des investissements étrangers pour cause des mesures décidées par le gouvernement, Ahmed Ouyahia a répliqué par des chiffres. «L'Algérie a reçu moins de 500 millions de dollars d'investissements étrangers hors hydrocarbures en 2005, et moins d'un milliard de dollars en 2007» a déclaré le Premier ministre qui souligne que les entreprises étrangères considéraient légitime de conserver l'Algérie au rang de marché très attractif, dès lors que, ce dernier leur semblait acquis sans aucun effort. Plus loin encore, Ouyahia affirme que certains investisseurs étrangers, sans les nommer, qui ont prospéré sur le marché local, ont d'abord été guidés par le gain spéculatif quitte à ignorer les autorités et la souveraineté de ce pays, ou à tenter d'en violer les lois impunément. «La bonne croissance n'est pas dans l'économie de services si ces derniers n'ont pas de plus value pour le pays. Elle l'est encore moins lorsque la part des services dans la valeur ajoutée nationale découle surtout de l'activité d'importation» soutient encore le Premier ministre. «C'est donc pour valoriser davantage nos atouts nationaux que le code des marchés publics dispose que désormais, toute entreprise étrangère désireuse de soumissionner pour un contrat public de biens ou de services en Algérie, devra accompagner son offre d'une proposition de participation à la modernisation d'une entreprise algérienne, ou d'investissement dans notre pays, selon les normes désormais en vigueur, à savoir 51% du capital pour la partie algérienne et 49% pour le partenaire étranger» a tenu à rappeler le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui précise que cet usage du levier de la commande publique pour développer l'investissement et l'économie, est une règle utilisée dans le monde, y compris dans les pays les plus développés. Ouyahia a fait savoir qu'à travers toutes ces démarches le gouvernement se fixe trois objectifs majeurs, à savoir « porter la croissance du secteur agricole à 8% annuellement de manière stable et continue», «relever de 5% à près de 10% en 2014, la part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale» et enfin «poursuivre la réduction du chômage bien en deçà de 10% durant les cinq prochaines années». 6 478 cas de disparus recensés et 35 dossiers restent à régler «Le terrorisme a été défait grâce à l'engagement de notre armée et de nos forces de sécurité» a déclaré le Premier ministre qui appelle cependant la population à rester vigilante car, avertit-il, «le terrorisme se caractérise par sa lâcheté et peut donc profiter de tout relâchement pour frapper avec traîtrise». Evoquant le dossier des disparus, Ouyahia a fait savoir que sur les 6 478 cas recensés, seuls 35 dossiers sont encore en voie de règlement avec les familles concernées. Le Premier ministre ajoute encore que sur les 13 332 dossiers de familles éprouvées par l'implication de l'un de leurs proches dans des affaires de terrorisme, seuls 57 cas sont toujours en cours de traitement. Pour ce qui est des cas des personnes licenciées lors de la décennie noire, le Premier ministre donnera le nombre de 10 400 cas. Il soutiendra que seuls 23 cas demeurent en phase d'apurement, parmi tous les requérants ayant prouvé que la perte de leur emploi était liée «aux événements de la tragédie nationale». Enfin, le Premier ministre n'a pas raté l'occasion d'appeler encore une fois ceux qui persistent dans le «terrorisme et la subversion, à abandonner la violence contre leur peuple et leur pays, rallier le chemin de la réconciliation nationale et saisir la main de la République clémente qui leur demeure tendue ».