Mis à part un solde budgétaire qui reste négatif, l'appréciation du FMI à l'égard de l'Algérie, comme pour la plupart des pays pétroliers, est positive. Dans un rapport rendu public sur son site Internet sur les perspectives économiques de la région Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA), le FMI note que, globalement, la région connaît une reprise «relativement robuste» en raison de la hausse des prix pétroliers et des politiques budgétaires. L'Algérie fait partie des pays de la région où «l'activité économique augmente considérablement» en raison d'une demande pétrolière en hausse et une remontée du cours. Revers de la médaille, l'activité hors hydrocarbures ne progressera que de 1% entre 2009 et 2011 et reste largement dépendante des politiques budgétaires. Pour l'Algérie, hormis le solde budgétaire négatif, la plupart des indicatifs sont positifs. S'agissant de ce «point noir», le rapport du FMI note qu'en «dehors d'un programme pluriannuel d'investissements publics qui prévoyait déjà de grosses dépenses en capital, l'Algérie doit procéder, en 2010, à un relèvement important des salaires de la Fonction publique qui, d'après les projections, devrait accroître la masse salariale publique de plus de 30 %. De ce fait, le déficit budgétaire primaire hors pétrole devrait se creuser de près de 10 points du PIB hors pétrole en 2010 et ne diminuer que faiblement en 2011». L'accroissement des dépenses de l'Etat, couvertes en partie par le Fonds de régulation des recettes hydrocarbures (FRR), est une source d'inquiétudes des experts nationaux que le constat du FMI ne fait que reproduire. Selon le FMI, le solde budgétaire du pays devrait être négatif avec - 9,9 % du PIB en 2010 avant de diminuer légèrement à - 8,4 % en 2011 (contre - 6,7 % en 2009). Une croissance plus forte nécessaire Pour le reste, les données sont positives. Le PIB nominal devrait s'établir à 159 milliards de dollars pour l'année en cours contre 139,8 milliards en 2009. Il devrait croître en 2011 pour atteindre 171,6 milliards de dollars. Très logiquement, l'Algérie se classe à la 4ème place des douze pays exportateurs de pétrole en terme de PIB nominal. Elle est précédée par l'Arabie Saoudite (434,4 milliards de dollars), l'Iran (337,9 milliards) et les Emirats arabes unis (239,6 milliards de dollars). Le taux de croissance devrait, lui, s'établir à 3,8% en 2010, en progression par rapport à 2009 où il a enregistré un petit 2,4%. Ce taux devrait atteindre les 4% en 2009. C'est un progrès. Très insuffisant cependant. Le FMI constate pour l'ensemble de la région, et cela vaut particulièrement pour l'Algérie, que la «croissance actuelle est trop faible pour remédier au chômage. À plus longue échéance, l'enjeu primordial sera d'accélérer la croissance pour créer des emplois pour une population en âge de travailler qui augmente plus rapidement que dans presque toutes les autres régions du monde et est constituée, pour plus de moitié, de moins de 25 ans». L'institution de Breton-Wood estime que le niveau élevé du chômage, en moyenne de 11 % en 2008, «a un coût économique et social considérable et demeure un sujet de préoccupation majeur». Pour le FMI, il faut parvenir à un taux de croissance de 6,5% «pour absorber les chômeurs actuels et les nouveaux venus sur le marché du travail au cours des dix prochaines années ». Les importations restent fortes Dans le domaine de la dette et grâce à une politique volontariste, l'Algérie se classe désormais comme le pays le moins endetté de la région MENA. La dette extérieure ne dépasse par 2,9% du PIB en 2010 et elle devrait baisser à 2,2% en 2011. L'évolution est nette par rapport à la période 2000-2005 où elle représentait 34,1% du PIB. L'Iran et la Libye ont suivi une politique similaire de désendettement et celle-ci ne représente que 5,6% pour le premier et 7,2% pour le second. A l'inverse, les Etats très fortement liés au système financier international sont lourdement endettés avec un taux de 139,6 % pour le Bahreïn et de 80,6% pour Qatar. L'inflation en Algérie évolue lentement, passant de 5,7% en 2009 à 5,5% en 2010 et elle devrait s'établir à 5,2% en 2011. Le solde des transactions extérieures courantes du pays reste positif : 3,4% du PIB en 2010 pour un montant de 5,4 milliards de dollars et 3,6% en 2011 pour 6,2 milliards de dollars (contre 0,3% en 2009 avec 0,4 milliard de dollars). Les exportations ont repris des couleurs en 2010 avec 61,8 milliards de dollars et des importations de 54 milliards de dollars. Même si un excédent de 7,8 milliards de dollars est dégagé, le niveau des dépenses d'importations reste très élevé en dépit des politiques destinées à les brider. La situation restera de même en 2011 où les prévisions d'exportations sont de 67,1 milliards de dollars contre 57,6 milliards de dollars d'importations dégageant un excèdent commercial de 9,5 milliards de dollars.