Main de fée poussant le génie A la limite de son expression Hâtant l'explosion de l'émotionInscrivant l'imaginaire dans l'authenticité Eduquant les sens par le trait intemporel Délivrant la nature de tous ses corsets Détrônant les repères et les dimensions Installant à demeure l'insatiable envie du beau Narrant par le geste ce qu'elle n'a pu conter Emargeant à l'universel en sublimant le réel. Baya a domestiqué les rêves que la nuit culturelle a fini par chasser et qui ne reviennent que pour visiter ses oniriques palettes. Comme un ange dans sa robe d'un orange suave, elle traverse les airs, agrippée au cou long et bombé de son cheval bleu pour distribuer le musc de son souffle à une nature encore terne dans son semi-réveil. Elle distille une ambiance sensitive autant visuelle que gustative où les reconstitutions d'un réel absorbé finissent par dépasser leur modèle en présence et en personnalité. Elle invite l'âme à prendre de la distance avec elle même pour regarder la passion qui l'habite et que le quotidien lui a volé. Chacun se rend compte , alors, que personne ne l'a prévenu que l'âge de raison est derrière lui ; mais Baya lui tend , généreusement le fil du retour vers son essence, vers son enfance. Il peut alors en toute sérénité assister à la magnificence des couleurs qui élit les traits simples et sans détour à l'ordre du sublime. Elle pense dissimuler sa fragilité sous le charme agressif des couleurs mais son innocence imbibe les grains de chaque teinte et précipite leur explosion. La lueur joue sur les cordes tendus d'une flore exubérante et en tire des reflets inattendus. Les plantes et les êtres se disputent un espace vital dans une promiscuité désirée que bénit une lumière radieuse. Des couleurs escarpées qui montent comme un escalier endiablé vers l'apothéose des lumières. Un bleu intense en échappe pour nous inviter à une baignade pharaonique dans un lac de jade liquéfié. Des fruits rouges aveuglent les yeux gourmands qui ne cachent pas leur folle envie de dévorer les fleurs friandes et sensuelles. L'œil noir couvé par une chevelure aussi sombre qu'abondante arrive à faire frémir le papillon que la nature a pourtant gâté de tous ses éclats. De ses ailes d'or, le papillon cherche à séduire les fleurs espérant leur secours mais finit par capituler et se pose langoureusement sur l'épaule de l'élégance. Tout autour des colonnes de feuilles d'un vert obstiné ont été sculptées par une nature coquette et espiègle et de ce lieu luxuriant et échevelé s'échappe une quiétude apparente mais dont les contours amples et harmonieux étreignent les sensations et font naitre le frisson. Baya promène un frêle sourire sur la nature comme pour atténuer l'inévitable puissance de son regard. Pourtant cette force peut se faire tendre et délicate quand elle rend compte de l'insouciante nudité du jour. Une grâce qui s'imprime dans le cœur avant la raison offrant à chacun un miroir doré dans lequel il peut sublimer sa propre image , se raconter une histoire , marier ses désirs à son imaginaire, organiser des noces à ses réminiscences culturelles. La braise de son inspiration rougeoie sous le vert moiré de sa subtilité, le camaïeu , le jaune entêté, le bleu en feu, le vermillon ou le blanc immaculé épicent le parfum de ses prouesses et irisent leurs profondeurs. Par un trait subtilement désinvolte, elle met à nu tout un univers . Un éternel ruissèlement de sensualité. Elle ne veut pas éclairer un réel avéré, elle préfère promener sa lanterne devant les pas hésitant d'une humanité à la recherche du rêve, car le bonheur pour elle ne se mesure qu'à l'aune de l'émotion. Ses œuvres polissent alors nos regards pour que la vie puisse s'y refléter.