Près de 4.000 étudiants de 2ème, 3ème et 4ème années de la faculté de droit de l'université d'Oran ont entamé hier une grève ouverte en signe de protestation contre le projet de loi portant organisation de l'exercice de la profession d'avocat approuvé par le Conseil des ministres. Les grévistes estiment que ce texte est un véritable coup de couteau dans le dos de milliers d'étudiants qui n'ont opté pour cette spécialité que dans l'espoir d'endosser un jour la robe noire. Ils considèrent que «la décision est irréfléchie, erronée et qu'elle ne va nullement contribuer à l'élévation du niveau de la corporation, mais a été initiée uniquement afin de barrer la route à ces milliers d'étudiants à qui on a donné de faux espoirs». «Sinon, déclarent plusieurs de ces étudiants, pourquoi avoir attendu tout ce temps? Il fallait nous aviser dès le départ, étant donné qu'avec une simple licence en droit, les débouchés sont pratiquement nuls, d'où la nécessité de passer par le CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat». Nos interlocuteurs estiment, à titre illustratif, que l'âge minimum fixé à 25 ans pour postuler au concours au CAPA pénalisera des licenciés brillants et qui ont décroché leur diplôme à 22 ou 23 ans. En clair, ces derniers devront attendre deux ou trois ans et sans être sûrs de réussir au concours ouvert, rappellent nos interlocuteurs, aux seuls étudiants n'ayant jamais refait l'année. Ils remettent en cause également la durée du CAPA qui passe d'une année à trois ainsi que celle du stage pratique effectué dans un cabinet qui est de deux années contre seulement 9 mois actuellement. L'autre contradiction relevée est la durée d'exercice au niveau du tribunal fixée à 7 ans. A ce sujet, les grévistes posent un problème pratique en simulant une affaire qui passe en appel ou en cassation et qui nécessite son suivi au niveau d'une cour. Au niveau de cette instance, l'avocat devra passer 10 ans pour espérer grimper les échelons et atteindre la Cour suprême qui demeure la véritable consécration pour un avocat. Si on ajoute l'obligation de répondre aux devoirs du service national, un nouvel avocat ne pourra atteindre le stade suprême qu'à la cinquantaine. L'autre disposition remise en cause est relative au choix laissé pour tout enseignant d'opter pour le barreau ou à l'enseignement. Ils estiment que le côté pratique est fondamental, notamment pour les TD, des séances qui devront surtout s'appuyer sur des exemples concrets de situations juridiques. De son côté, le doyen de la faculté de droit, Bachir Yeles Chaouche, tout en considérant que les revendications des étudiants restent plus ou moins légitimes, précise que ce texte législatif est venu à point nommé pour mettre de l'ordre dans la corporation des avocats, étant donné qu'elle est la seule à ne pas être protégée à l'instar des huissiers et des notaires. Pour ce responsable, il est temps de mettre fin à un sureffectif de robes noires, «une situation qui a appauvri cette profession». Chaque année, la seule université d'Oran met à la disposition du barreau une moyenne de 500 nouveaux avocats. A titre illustratif, plus de 3.300 avocats sont inscrits auprès du barreau de la wilaya d'Oran.