Cela a commencé par une hausse des prix de la farine et de la semoule il y a de cela une vingtaine de jours, puis c'était au tour du pain de voir son prix grimper, même si cette hausse demeure encore floue. En effet, tout le monde sait que le prix officiel de la baguette de pain est administré et est compris entre 7,50 DA et 8,50 DA, mais il y a belle lurette que la grande partie des consommateurs le paient à au moins 9 DA, les boulangers affirmant qu'ils ne vendent que du pain amélioré, et rares sont encore les boulangeries où nous pouvons trouver du pain au prix officiel. Ceci d'un côté, et, de l'autre, une parade a été trouvée par ces boulangers pour augmenter le prix du pain sans en être tenus pour responsables, c'est celle de livrer la quasi-totalité de leur production aux revendeurs et là, le consommateur le paie entre 9 et 10 DA, parfois plus, en étant persuadé que c'est le revendeur qui prend une marge bénéficiaire. Beaucoup a été dit et écrit sur ces pratiques mais comme chez nous le laisser-faire est érigé en mode de vie, tout le monde a pris son mal en patience et les gens se disent : «pourvu que je trouve le pain en tout temps et en tout lieu, un dinar de plus ne me fera pas de mal». Pourtant depuis quelques jours, les gens commencent à parler du prix du pain et se demandent jusqu'où il va arriver. En effet, certains revendeurs qui cédaient la baguette à 9 DA la revendent maintenant à 10 DA, expliquant à qui voulaient les entendre que c'était dû au prix de la farine qui a augmenté de façon importante sans que personne n'en explique la cause. D'autre part, beaucoup de familles ont pris l'habitude de confectionner du pain traditionnel pour le vendre à 25 DA l'unité, et nous avons remarqué que c'est devenu un commerce florissant au vu du nombre de personnes qui en vendent ainsi que celui des clients. Bien sûr, tout le monde aime manger de ce pain, surtout quand il est fait avec un mélange de semoule et de farine. Comme beaucoup de femmes travaillent et ne peuvent pas le préparer elles-mêmes, leurs maris l'achètent au niveau des épiceries ou à l'entrée des marchés. Mais il y a quelque trois ou quatre jours, ils ont été surpris de se voir réclamer 30 DA au lieu de 25 DA le pain traditionnel et c'est encore le prix de la farine et de la semoule qui est avancé comme cause principale de cette hausse subite. Nous nous sommes rapprochés de quelques revendeurs de semoule et de farine et ils nous ont affirmé qu'effectivement le prix du kilo de farine est passé de 25 à 30 DA et celui de la semoule de 40 à 45 DA. Pour ceux qui achètent en sacs de 25 ou 50 kilogrammes, le prix du sac de 50 kg de farine est passé d'entre 1050 et 1080 DA à un prix variant de 1200 à 1250 DA. Quant au prix du sac de 25 kg de semoule, il est passé d'environ 950 DA à plus de 1000 DA. Concernant les boulangers pour lesquels le prix du quintal de farine est fixé à 2000 DA, ils affirment qu'ils ne sont livrés qu'à hauteur du quart de leurs besoins et ils doivent alors se rabattre sur les dépositaires chez lesquels le prix du quintal dépasse les 2200 DA. Ils rappellent qu'avec l'augmentation des prix des divers composants entrant dans la fabrication du pain, ils n'arrivent plus à rentrer dans leurs frais et qu'ils sont donc obligés de jouer sur le poids de la baguette ou sur le prix, mais «nous le faisons à contrecœur», ont tenu à préciser certains boulangers que nous avons approchés. Il faut dire qu'officiellement le prix du pain n'a subi aucun changement, ni celui de la farine panifiable d'ailleurs, mais il y a quelque chose qui grince quelque part et c'est aux services gouvernementaux concernés de découvrir la faille et de la colmater, quitte à être ferme pour une fois avec les récalcitrants.