Le président du Forum des chefs d'entreprise a la prophétie modeste. Il a prévenu depuis une année des impasses vers lesquelles risquait de conduire la politique du gouvernement d'entrave à l'activité des entreprises notamment avecles mesures de la LFC 2009. Il évalue sans esprit de revanche les mesures d'urgence du gouvernement. Quel jugement portez-vous sur les dernières mesures prises par le gouvernement pour endiguer la flambée des prix de certains produits alimentaires ? Je pense que les mesures sont salutaires pour endiguer les causes de la crise et éteindre l'incendie rapidement. Toutefois, nous attendons des pouvoirs publics qu'ils optent pour une politique beaucoup plus consensuelle en impliquant les acteurs sociaux dans la prise de décision. Nous pensons qu'il faudrait voir un peu lus loin que le 31 août prochain en mettant en place des mécanismes économiques efficaces et durables qui permettent d'anticiper la conjoncture. Le gouvernement ne s'est-il pas mis en porte-à-faux vis-à-vis de sa politique de lutte contre le marché informel en agissant de la sorte ? Nous avons toujours dit que le marché informel est une véritable pollution qui complique le fonctionnement de l'économie. Il accentue le déphasage de notre appareil productif et les politiques fiscales arrêtées par l'Etat. Mais l'informel est parfois une des solutions à la crise. Cela s'est vérifié par le passé quand le dinar a décroché par rapport au franc français et au dollar dans les années 90. La dévaluation a été très forte atteignant 500%. A ce moment-là, le marché informel a joué un rôle positif en ce sens où il a amoindri la hausse des prix qui aurait été insupportable pour les citoyens. Aujourd'hui, avec l'introduction du paiement par chèque, il va falloir intégrer la fiscalité ordinaire dans la fixation des prix de vente. Le gouvernement n'est pas conscient de l'emprise de l'informel. Une intégration trop rapide de l'informel dans le circuit formel provoquera un choc pour notre économie. Il faut le faire dans le temps et de façon progressive afin d'habituer le consommateur à intégrer les nouveaux prix dans ses achats. Aussi, nous estimons qu'en dévaluant excessivement la valeur du dinar, on renchérit inéluctablement les prix. Le rapport de la monnaie nationale au Maroc par rapport à l'euro et de 1à 10, en Tunisie il est de 1à 2 alors quand il est en Algérie de 1à 100. Justement, certains opérateurs suggèrent une réévaluation du dinar pour soutenir le pouvoir d'achat des citoyens La réévaluation du dinar est, certes, une solution pour donner plus du pouvoir d'achat aux citoyens mais elle comporte le risque de faire augmenter les importations, autrement dit, elle profiterait aux étrangers. C'est une mesure qui n'est pas convenable et contraire à ce qu'aspire la politique actuelle du gouvernement, à savoir la réduction des importations.