Le chef de l'Etat a marqué hier de sa présence le déjeuner organisé par la ministre de la Famille en l'honneur des femmes à l'occasion de leur journée. Jusqu'à vers 10h, les convives de Nouara Djaâfar n'étaient pas très sûres de la venue du président de la République au Palais des Nations de Club des Pins où elles étaient invitées à déjeuner. Même si leur nombre semblait diminuer par rapport aux années précédentes, les femmes étaient bien nombreuses hier, venues de tous les horizons, des habituées du sérail, aux chefs d'entreprises en passant par les propriétaires de salons de coiffure et de restaurants. Club des Pins a abrité pour la circonstance une exposition expliquant les dispositifs d'aides aux jeunes, aux créateurs d'entreprises et adeptes des métiers et des arts. Le président est arrivé à 12h15. Dès son entrée dans la salle des banquets, il sera happé par la veuve de Kasdi Merbah qui profitera pour le saluer chaleureusement. Il était attendu par les femmes ainsi que par les membres du gouvernement qui, eux, n'étaient pas au complet. L'absence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'est pas passée inaperçue contrairement à la présence de son vice-ministre, Nouredine Yazid Zerhouni qui était lui accompagné de son épouse et de sa fille, et qui avait attiré une grande attention de la presse. Le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, était aussi présent ainsi que les ministres et d'autres responsables des hautes institutions de l'Etat. Les absents devaient avoir des obligations bien importantes pour avoir raté un rendez-vous pour lequel leur présence était «obligatoire». Le président avait à sa table la ministre de la Famille, Nouara Djaâfar, ainsi que des femmes chefs d'entreprises. Il a eu quand même la patience d'occuper la table de 12h15 à 14h45. Il était venu pour marquer de sa présence une cérémonie au cours de laquelle il avait l'habitude de discourir longuement. Mais c'était les années de ses mandats présidentiels où il avait la force du verbe et la légèreté du geste pour tenir en haleine des heures durant d'importantes foules. Pour cette fois, comme pour l'année dernière d'ailleurs, Bouteflika a fait lire sa lettre par les présentateurs du journal télévisé. Il avait rappelé ce qu'il avait décidé durant ses présidences pour consacrer les droits de la femme. La disposition constitutionnelle qui lui permet d'être représentée à hauteur de 30% dans les instances élues en fait partie tout autant que la nomination des femmes au poste de ministres et à d'autres responsabilités institutionnelles. Le président a indiqué dans sa lettre «qu'il s'était engagé à établir l'égalité entre les deux sexes sur la base du droit et du devoir de tout un chacun». Ceci, «en relation avec la religion et la vie moderne». Il saisira l'occasion de la journée de la femme pour faire le bilan de son action «au profit des jeunes, des femmes et de la société dans son ensemble». Mais, a-t-il reconnu, «tout ça n'est pas suffisant» parce qu'il estime qu'il existe «au sein de la société des mentalités rétrogrades». Il rappelle «ce qui a était construit comme écoles, universités, règlement des problèmes du chômage, du logement, la priorité accordée à l'agriculture, un secteur qui crée de l'emploi et des richesses et libère l'économie des importations ». Il affirmera dans sa lettre que «nous poursuivrons cet effort durant ce programme et après » Au plan politique, il a noté que «les décisions prises récemment sont pour approfondir la démocratie et consacrer les libertés». Hier, au Palais des Nations, le président n'a pas parlé. Il s'est contenté de regarder autour de lui, toutes ces femmes dont certaines sont venues de lointaines contrées du pays. Le déjeuner s'est déroulé sur fond de brouhaha des voix des femmes. Vers la fin de la cérémonie, une jeune femme s'est présentée devant un micro avec une mandole à la main. Elle exécutera quelques refrains andalous. Le président l'a applaudie et s'était levé pour la saluer. A sa sortie de la salle, il sera abordé par quelques femmes qui se sont placées sur son passage pour ne pas le rater. Il s'arrêtera devant quelques-unes sans grand enthousiasme.