Sitôt signé par le chef de l'exécutif de la wilaya, il y a de cela à peine une semaine et avant même son entrée en vigueur, l'arrêté portant sur la mise en location des terres mises en défens en milieu steppique vient d'être foulé aux pieds par ceux-là mêmes qui devaient en tirer profit, à savoir les pasteurs, qui sans même crier gare les ont prises d'assaut. Sur les 800.000 hectares de terres pastorales, arrachés difficilement à une steppe aux sols arides et squelettiques, retenus cette saison par le HCDS, plus de 600.000 ha de terrains de parcours, plants d'atriplex et d'espèces fourragères pérennes risquent sans le moindre doute de partir en fumée, plus précisément dans les daïrate de Rogassa, Bougtob, Chellala et El-Abiodh Sid Cheikh. Instrument technique chargé du suivi et du développement des périmètres à vocation pastorale, le HCDS ne peut en aucun cas intervenir pour mettre un terme à cette transgression de la réglementation qui réduit en cendres tous ses efforts entrepris depuis le mois d'octobre. Sa mission est limitée dans l'identification des zones de pâturages à mettre en défens et de les soumettre à la location en fin de saison par le biais des communes concernées par cette titanesque entreprise de sauvegarde des parcours, nous confie avec amertume M. Ahmed Moussa, chef de l'antenne locale du HCDS. La mission de protection et de défense de ce patrimoine incombe exclusivement à la conservation des forêts et aux APC qui ont le statut de parties civiles. La location de ces terres estimée à 1000.00 DA l'hectare, et il ne suffit pas d'être un grand clerc pour évaluer les rentrées financières pour chacune des communes concernées par cette opération, est profitable aussi bien pour les éleveurs en période de vaches maigres, disette et sécheresse, que pour les collectivités locales qui doivent impérativement chercher d'autres sources de financement et la palme d'or revient sans conteste à M. Abdelkader Djebli, président de l'APC de Bougtob, qui a eu au moins le mérite de descendre de son piédestal et d'affronter les éleveurs récalcitrants pour qu'ils se plient à cet arrêté de wilaya et ceci dans l'intérêt de tous les partenaires. Le bras de fer engagé entre le HCDS et les pasteurs ne fait que commencer car l'entêtement de ces puissants seigneurs de la steppe qui traînent derrière eux plusieurs dizaines de milliers de têtes d'ovins affamées, et échaudés par la flambée des prix de l'aliment du bétail, ne feront certainement pas marche arrière. Rien n'arrêtera la marche de leurs troupeaux qui tel un rouleau compresseur détruisent toute espèce végétale et là où ils passent, l'alfa risque de ne plus repousser et cela durant plusieurs années consécutives. L'heure n'est plus aux tergiversations ni aux longs palabres stériles, le moment est venu pour les présidents des APC et à la conservation des forêts de prendre avec sérieux le taureau par les cornes afin de mettre définitivement un terme à de telles pratiques qui reviennent au galop au début de chaque saison printanière.