Alors que des informations insistantes font état de la nomination d'un PDG à la tête du Groupe Tonic Emballage, qui passerait du statut de Sarl à Spa, les travailleurs de la Sarl Ouate Industrie-Tonic de Bousmaïl (wilaya de Tipaza) entrent en grève à partir d'aujourd'hui. Selon plusieurs sources au sein de l'entreprise, le Groupe Tonic Emballage, qui compte 10 Sarl, dont les actifs avaient été repris en janvier 2010 par le Groupe Gipec (public), est devenue une Spa dénommée «Tonic Industrie». Ce changement de statut juridique serait intervenu après le paiement, par l'Etat, de ses dettes envers la BADR. Le PDG mis à la tête de Tonic Industrie serait un cadre dirigeant de Gipec. Néanmoins, ces informations, dans l'attente qu'elles soient officiellement confirmées, ne semblent pas faire fléchir les travailleurs d'une des (ex)Sarl de Tonic Emballage qui comptent entrer en grève illimitée à partir de ce dimanche, jusqu'à «satisfaction de la plateforme de revendications». Dans une déclaration parvenue à la rédaction, les travailleurs de la Sarl Ouate Industrie, affirment qu'après «avoir épuisé toutes les voies pour aboutir à une solution qui arrange et les travailleurs et l'administration», ils ont donc décidé de déposer un «préavis d'une grève» qui «prendra fin le dimanche 17 avril à 08 h». Selon leur délégué, Rachid Arkat, sur les 4 unités que compte Ouate Industrie-Tonic Sarl, 3 seront en grève ce dimanche, soit environ 300 travailleurs sur les 500 que compte cette filiale. Notre interlocuteur précise que le préavis de grève a été déposé au niveau de l'administration de l'entreprise, et envoyé par le biais d'un huissier de justice à l'inspection de travail «qui avait refusé de le réceptionner», dit-il. Quatre points figurent dans la plateforme de revendications. Le premier concerne la «titularisation de tout le personnel contractuel vu la non conformité des contrats de travail établis par les services de la DRH». M. Arkat estime à 121 le nombre de travailleurs dont les contrats «sont non conformes à la législation». Selon lui les contrats à durée déterminée (CDD) ne comportent pas les motifs de la durée limitée, comme le stipule l'article 12 du Code du Travail. Il tient, par ailleurs, à préciser qu'en vertu de l'article 14 dudit Code, « le contrat de travail conclu pour une durée déterminée en infraction aux dispositions de la présente loi est considéré comme un contrat de travail à durée indéterminée» (CDI). Rachid Arkat invite l'inspection du travail à contrôler ces contrats, selon les dispositions de l'article 12-bis du Code. Cet article stipule qu'«en vertu des attributions qui lui sont dévolues par la législation et la réglementation en vigueur, l'inspecteur du travail territorialement compétent s'assure que le contrat de travail à durée déterminée est conclu pour l'un des cas expressément cités par l'article 12 de la présente loi et que la durée prévue au contrat correspond à l'activité pour laquelle le travailleur a été recruté». La seconde revendication concerne «l'augmentation du salaire de base de tous les travailleurs de la Sarl Ouate Industrie (unités Metso, Converting, et Récupération)». Selon notre interlocuteur, beaucoup de travailleurs ont des salaires nets qui ne dépassent pas 20.000 DA. «Nous voulons une hausse de 15.000 à 18.000 DA du salaire de base». Les grévistes réclament aussi l'équité salariale «pour les travailleurs occupant le même poste, en application de l'article 84 du code du travail». «Tout employeur est tenu d'assurer pour un travail de valeur égale, l'égalité de rémunération entre les travailleurs sans aucune discrimination», dit l'article en question. La quatrième et dernière revendication concerne le «régime indemnitaire (primes et indemnités) avec effet rétroactif». Les travailleurs, qui affirment travailler dans un environnement poussiéreux et en contact permanent avec des produits chimiques, réclament la hausse de la prime de nuisance, actuellement de 1.500 DA, à 15% du salaire de base. Autres primes ciblées : la prime de production «qui n'a jamais été attribuée aux travailleurs», et la prime de panier dont ils souhaitent le relèvement de 150 à 300 DA. L'autre souci des grévistes, c'est «l'absence de convention collective, pour un Groupe aussi important que Tonic Emballage qui compte 2.500 travailleurs».