L'incarcération, jeudi dernier, de Djerrar Abdelghani, PDG de Tonic Emballage, est intervenue après le dépôt d'une requête par les avocats de la Badr, auprès du juge d'instruction près le tribunal d'Alger, a-t-on appris de source judiciaire. La requête porte sur « les anomalies » relevées dans la gestion de la Sarl Tonic et qui, à en croire la banque, « compromettent » le remboursement des créances. Ce constat était prévisible, affirment nos sources, dans la mesure où l'échéance accordée par la banque à la société venait d'expirer à la date du 30 avril dernier. « Le délai imparti par la Badr à Tonic, dans le cadre de la dernière convention portant sur les échéances de paiement de la dette a pris fin le 30 avril et la société n'a pas respecté ses engagements. Ce qui a poussé la banque à déposer sa requête auprès du juge. C'est cela l'élément nouveau qui a fait réagir le magistrat instructeur », déclare notre interlocuteur. D'autres sources affirment que c'est la Banque d'Algérie qui a accéléré les événements en actionnant la justice contre ce qu'elle a appelé le groupe Tonic avec l'ensemble de ses filiales. Il est reproché à ce dernier d'avoir bénéficié de crédits « sans garanties suffisantes » alors que la plainte de la Badr ne concerne que la Sarl Tonic. A ce titre, les mêmes sources affirment qu'une mission de contrôle est actuellement au niveau de la Caisse d'épargne et de prévoyance (Cnep), qui a racheté une partie des dettes de Tonic garantie par la Badr. La mission est chargée de passer au peigne fin les dossiers de crédits dont ont bénéficié les filiales de Tonic. Contacté, Me Zeraïa, avocat de Djerrar, estime que les deux conventions signées avec la badr portent sur de nouvelles échéances, dont la dernière a pris fin le 30 avril. « Mais un arrangement à l'amiable a été trouvé entre les deux parties pour que les crédits soient remboursés à long terme et non à court terme. Il n'y a aucun élément nouveau qui permet de précipiter les événements et de donner un autre tournant à la situation », révèle l'avocat. Il reconnaît cependant qu'effectivement la Badr a déposé une requête faisant état de l'impossibilité du remboursement de la dette par Tonic. « La banque ponctionne 15% des recettes de la Sarl, et c'est le PDG, désigné en tant que séquestre judiciaire qui est chargé de cette opération. L'incarcération de Djerrar ne réglera pas le problème. Bien au contraire, elle ne fera que compliquer davantage la crise », déclare Me Zeraïa. Par ailleurs, une cellule de crise a été installée hier au niveau de la Badr pour suivre de près cette affaire, dans la mesure où l'incarcération du premier responsable de Tonic sous-entend la saisie-arrêt sur l'ensemble des biens de la société. Une éventualité à ne pas écarter, même si les gestionnaires et propriétaires de la société privée comptent respecter le vœu de Djerrar Abdelghani, consistant à inaugurer coûte que coûte ce qu'ils qualifient comme étant la plus grande unité de production de papier dans le monde arabe et en Afrique, à Bou Ismaïl, jeudi prochain, en présence de la presse nationale. Cette unité, déclare Djerrar Mohamed, le frère de Abdelghani, « a été créée avec les ressources propres de la société, en dépit de la grave crise financière qu'elle traverse. Néanmoins, nous restons confiants en la justice, en espérant que le droit triomphera à la fin ». Il est important de signaler que le montant des crédits à court terme accordés à Tonic, entre 2000 et 2005, est de 65,5 milliards de dinars. Selon la famille, entre 2005 et 2006, une somme de 11 milliards de dinars a été déjà remboursée, alors que le reste le sera, dans le cadre d'un échéancier grâce aux activités de la nouvelle unité, devant être inaugurée jeudi prochain. Une grande partie des biens de Djerrar Abdelghani a déjà été saisie par la Badr, laquelle avait déposé plainte, en septembre 2005, auprès du parquet d'Alger. Quatre personnes, dont trois cadres de la Badr, parmi lesquels l'ex-PDG, ainsi que le patron de Tonic, ont été mises sous contrôle judiciaire.