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Les régions pionnières de la révolution tunisienne réclament le développement
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 06 - 2011

Plus de cinq mois après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier, l'impatience gronde dans le centre de la Tunisie, en mal de développement.
La colère qui s'affichait sur des banderoles, dans la salle d'audience du tribunal de Première instance de Sidi Bouzid, jeudi dernier, n'avait rien à voir avec l'annonce de l'ouverture, ce lundi, du procès par contumace de Zine el-Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite. La foule, qui réclamait une «justice équitable» et des «investigations sincères», attendait la comparution de plusieurs policiers suite à la mort de deux jeunes, retrouvés brûlés dans un poste de police de la ville, le 4 février dernier. La décision de reporter l'audience, pour la deuxième fois, a été accueillie par des sifflets.
Dans la ville de Mohamed Bouazizi, l'homme de 26 ans qui s'est immolé par le feu le 17 décembre 2010, déclenchant des manifestations dans tout le pays, on n'attend «pas grand-chose» du procès de l'ex-président. «Ben Ali doit être présent sur le banc des accusés, pas libre en Arabie Saoudite» dit Mohamed Salah Arfah, chef d'un bureau de poste des environs de Sidi Bouzid. Plus de cinq mois après la chute du régime, le 14 janvier, la ville réclame des avancées au niveau local.
«La Révolution n'a rien changé», affirme Mohamed Jilani, 25 ans. Depuis qu'il a obtenu une maîtrise en finance l'année dernière, le jeune homme passe ses journées à tuer le temps dans les cafés du centre-ville. Il bénéficie désormais de l'aide de 200 dinars par mois (environ 100 euros) accordée par le gouvernement provisoire aux diplômés chômeurs pour les aider à financer leur «recherche active d'emploi». Mais «nous avons fait la révolution pour la dignité, rappelle-t-il. Nous voulons du travail, pas de l'assistanat».
Le chômage des diplômés dépasse les 50% à Sidi Bouzid
Mohamed Jilani se dit «pessimiste pour Sidi Bouzid», où le taux de chômage des diplômés du supérieur avoisine les 50%, selon une étude publiée début juin par le Centre des études économiques de l'Institut arabe des chefs d'entreprises. «On ne parle plus de nous, les promesses d'infrastructures et d'implantation d'usines ne se concrétisent pas», déplore-t-il.
Un constat partagé par Khaled Nsiri. «La révolution sera réussie quand ses objectifs seront réalisés», dit le chômeur de 25 ans, diplômé en génie mécanique. «Depuis des décennies, l'intérieur du pays est délaissé. Il faut répartir la richesse entre les régions». Les habitants réclament l'implantation d'industries agroalimentaires, qui font défaut à cette province agricole, mais aussi le développement d'infrastructures, comme un campus universitaire.
A Kasserine, autre ville pionnière de la Révolution, les attentes des jeunes ne sont pas moins grandes. «A Monastir, 12 projets sont nés depuis la révolution. A Kasserine, on n'a rien vu», dénonce Mizar Jabbari, habitant d'Ezzouhour, un quartier pauvre qui a payé un lourd tribut à la révolution. «Ezzouhour, 42 martyrs», proclame une épitaphe, sur un mur à l'entrée de la cité. En avril, la commission chargée d'enquêter sur les «violations et abus» commis pendant la révolution, révélait que l'ancien régime avait «ordonné le bombardement du quartier d'Ezzouhour, afin de faire plier la région et de mettre à genoux ses habitants». Selon les conclusions de la commission, les armes à feu ont été utilisées «avec l'intention de tuer» par des «tireurs d'élite» parfois postés sur les toits.
«Nos martyrs ne sont pas à vendre»
«Nous sommes l'étincelle des révolutions du monde arabe, mais rien n'a changé ici», dit Mizar Jabbari, qui, à 29 ans, n'a jamais connu que le chômage. Le monument aux morts, érigé sur une petite place de la cité aux routes de terre, a été financé avec les maigres économies des habitants, fait-il remarquer. Sur un mur, l'inscription «Nos martyrs ne sont pas à vendre» exprime la frustration des habitants. «Les autorités essaient de nous faire taire avec des allocations chômage, dit Mizar Jabbari. Mais nous voulons du travail». Près de lui, un homme sort de sa poche un bout de papier avec une date: 28 décembre 2011. «J'ai demandé à rencontrer le gouverneur de Kasserine, explique-t-il. Voilà la date du rendez-vous. Nous sommes toujours négligés, comme avant».
Le gouvernorat de Kasserine est le plus déshérité des 24 préfectures du pays, selon le ministère du Développement régional. Environ 13% de la population vit avec moins de 400 dinars par an (200 euros), un pourcentage presque quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Le taux de chômage des jeunes diplômés frôle les 40%, contre 23,3% pour l'ensemble du pays. «Nous avons d'immenses ressources, mais ce sont les autres qui en profitent, dit Anis Chargui, 24 ans. La révolution sera achevée quand notre région sera aussi développée que la côte».
La vitrine change, les cuisiniers sont les mêmes
En attendant, les citoyens restent perplexes sur la réussite de la transition démocratique. Saif Nsiri, un habitant de Sidi Bouzid qui travaillait dans un centre d'appel avant de perdre son emploi, estime que les partis «prennent la révolution pour un gâteau dont ils veulent la plus grosse part». Depuis janvier, quelque 82 partis ont été officiellement reconnus. «Peu d'hommes politiques mettent l'intérêt général au-dessus du leur», dit l'ancien adhérent au Parti démocrate progressiste (PDP), qui a quitté la formation il y a un an et demi. Il ne fait pas davantage confiance aux autorités de transition. «On a changé de vitrine mais les cuisiniers sont restés les mêmes, affirme-t-il. Les décisions sont prises à Tunis sans tenir compte des régions». A Kasserine, les jeunes d'Ezzouhour, préviennent qu'ils pourraient «voter pour le diable pourvu qu'il nous vienne en aide».


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