Le procès de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali s'est ouvert hier à Tunis. L'accusé, toujours réfugié en Arabie Saoudite où il a fui le 14 janvier 2011, et ayant contesté les accusations portées contre lui, n'était pas présent. Une confusion a précédé l'entrée des magistrats dans la salle bondée et surchauffée de la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis qui aura à traiter un procès très attendu par la population. Il a été d'ailleurs qualifié d'«historique» par des journaux tunisiens d'hier. Des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le palais de justice, certaines favorables au procès, d'autres déplorant que l'ex-homme fort de la Tunisie ne soit pas sur le banc des accusés. C'est la première d'une longue série d'actions en justice intentées contre Ben Ali qui sera jugé par contumace puisque l'Arabie Saoudite n'a pas donné suite à la demande d'extradition des autorités tunisiennes. L'ex-président et son épouse Leïla Trabelsi sont poursuivis, suite à la découverte de sommes très importantes en argent et en bijoux, ainsi que d'armes et de stupéfiants dans deux palais. Les peines encourues pour chaque délit vont de cinq à vingt ans d'emprisonnement, selon le porte-parole du ministère de la Justice, Kadhem Zine El Abidine. A la veille de son procès, M. Ben Ali avait vigoureusement contesté, via son avocat libanais, les accusations portées contre lui. Selon lui, elles visent à «détourner l'attention» des difficultés du pays. Il a également souhaité que son pays surmonte «le chaos et l'obscurité». Un des avocats tunisiens commis d'office a indiqué à la presse qu'il comptait demander un report pour préparer la défense du prévenu et s'entretenir avec lui, ce qui n'avait pas encore été le cas. Ce procès n'est que le début d'un long processus dont la durée est encore indéterminée. Les autorités ont annoncé que 93 chefs d'accusation avaient été retenus contre l'ex-président et des proches, dont 35 seront déférés devant la justice militaire, sous des accusations d'homicides volontaires et de cas de torture, passibles de la peine de mort.