L'Algérie a décidé d'annuler l'intégralité de la dette irakienne. L'information, de sources médiatiques irakiennes et reprise par des sites électroniques informationnels, impute cette annonce à une correspondance du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à son homologue irakien Hochiar Zibari, pour lui annoncer l'annulation de la dette irakienne envers l'Algérie. L'info rapportée ne cite pas le montant de cette dette mais, selon d'autres sources, la somme s'élèverait à «plusieurs centaines de millions de dollars». Cette décision intervient, selon l'agence de presse irakienne, pour affirmer la volonté algérienne de participer au développement économique de l'Irak et de renforcer les liens bilatéraux qui ont connu un nouveau départ après la désignation d'un nouvel ambassadeur en mars 2010. Un ambassadeur qui n'a pas hésité, au lendemain de l'annonce de fin de mission pour les troupes américaines présentes sur le sol irakien, de solliciter les entrepreneurs algériens en vue de participer à la reconstruction du pays. Oudai Mouza Abdelhadi Kheirallah avait demandé aux entrepreneurs algériens de s'impliquer dans la reconstruction de l'Irak. Les relations algéro-irakiennes sont passées par une période de turbulence au lendemain de l'assassinat de Ali Belaroussi, 62 ans, et Azzedine Belkadi, 47 ans, deux diplomates algériens enlevés et exécutés en 2005 à Baghdad. Alger, en décidant d'effacer les dettes irakiennes, ne fait qu'emboiter le pas à certains pays qui ont déjà annulé l'ensemble des dettes de Baghdad. Ainsi, les Emirats arabes unis avaient annulé la dette irakienne et son service, estimés à quelque 7 milliards de dollars, et de rétablir les relations diplomatiques, devenant ainsi le deuxième pays arabe, après la Jordanie, à décider d'un rétablissement total de ses relations avec l'Irak depuis l'invasion américaine en 2003. Quant à la Chine, elle a accepté d'annuler 80% des 8,5 milliards de dollars que l'Irak lui doit après la signature d'un accord bilatéral à Pékin. Ce dossier des dettes irakiennes a été l'un des sujets phares des discussions de Washington depuis l'invasion militaire de l'Irak. En 2004, les dix-neuf pays riches réunis au sein du Club de Paris ont accepté un allégement des dettes extérieures irakiennes à hauteur de 80%, au lieu des 95% réclamés par les Etats-Unis. L'Allemagne, la France et la Russie, qui se sont opposées à la guerre, n'étaient prêtes à concéder qu'un allégement de 50% à un gouvernement irakien illégitime et sous tutelle américaine. L'accord prévoit un allégement de 33 milliards de dollars en plusieurs étapes, alors que le Club de Paris ne détient que le tiers de la dette irakienne et la réduction ne concerne que la dette publique extérieure. Au total, hors réparations dues après l'invasion du Koweït (estimées à 200 milliards de dollars), elle s'élève entre 120 et 125 milliards de dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI). Elle constitue surtout «un élément central dans la domination exercée par les grandes puissances et leurs entreprises dans l'économie du Moyen-Orient», souligne Damien Millet, président du Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde.