Le ministre de l'Intérieur irakien Malek Dohane Al Hassan a miraculeusement échappé, hier, à un attentat à l'explosif visant son convoi à Baghdad qui a fait quatre morts. L'attentat a été revendiqué hier par un communiqué attribué au groupe Al Tawhid wal jihad (unification et guerre sainte) dirigé par le Jordanien Abou Moussab al Zarqaoui dont la tête a été mise à prix par les Américains à 10 millions de dollars vient d'être portée à 25 millions de dollars après les derniers attentats spectaculaires revendiqués par ce mouvement. « Si cette fois vous avez échappé à notre flèche, nous avons dans le carquois d'autres flèches auxquelles vous n'échapperez pas ainsi que votre clique », lit-on dans le communiqué diffusé sur un site internet. Mercredi, le même mouvement avait menacé de liquider le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui avertissant ce dernier que « si vous avez échappé aux missiles de la mort qui se sont abattus sur votre maison, il reste beaucoup de missiles en réserve (...) On vous attend au tournant », soulignait le communiqué signé de Zarqaoui. Le Premier ministre irakien avait annoncé vendredi dernier la création d'un service de sécurité d'élite chargé de la « lutte antiterroriste » pour rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays. Le choix de la cible du ministre de la Justice n'est certainement pas fortuit. C'est sans doute un message que la guérilla a voulu transmettre au gouvernement irakien et aux Américains après l'ouverture du procès de Saddam Hussein par la justice irakienne. Un autre attentat sanglant à la voiture piégée a été perpétré également hier contre le QG de la garde nationale de Mahmoudiya, au sud de Baghdad faisant deux morts et 25 blessés. L'explosion s'est produite au moment où une longue file d'attente de jeunes en quête d'emploi était formée autour du bâtiment de la Garde nationale. Confronté à une situation sécuritaire qui empire de jour en jour avec les attentats en série ciblant les institutions officielles et les forces de la coalition qui enregistrent défection sur défection, la dernière en date étant le retrait des troupes philippines, le gouvernement irakien fait face au plan économique à un défi majeur. Celui de remettre en marche la machine économique et de production avec une infrastructure en ruine, un encadrement incertain et tétanisé par les assassinats, et une structure de la dette extérieure insoutenable qui s'éléve à 120 milliards de dollars dont 50 milliars contractés auprès des monarchies des pays du Golfe. Le Premier ministre irakien compte faire de ce dossier son cheval de bataille. Il a programmé pour ce faire, une tournée, la semaine prochaine, dans plusieurs pays arabes pour demander l'annulation de la dette irakienne selon M. Allaoui, cité par le quotidien jordanien Al Arab Al Yom. « La question de la dette et des compensations sera abordée et j'espère que nos frères arabes seront compréhensifs », a souligné le Premier ministre irakien. La tournée arabe de M. Allaoui devrait le conduire successivement en Egypte, en Syrie, en Jordanie, au Liban, au Koweït, l'Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis. M. Allaoui entamera le cycle de ses visites officielles à l'étranger depuis sa nomination le 1er juin en privilégiant la coopération régionale et notamment les monarchies du Golfe avec lesquelles il entend renouer les relations de confiance et de coopération qui existaient avant l'invasion du Koweït. Mais aussi et surtout pour lever des fonds auprès de ces riches monarchies pour relancer l'économie irakienne. Le soutien de l'Union européenne est également un sujet de préoccupation majeure du gouvernement irakien qui a dépêché le ministre des Affaires étrangères à Bruxelles pour plaider le dossier de la reconstruction de l'Irak et demander de l'Europe une plus grande compréhension suite aux réserves exprimées par l'Europe après le rétablissement de la peine de mort en Irak. Le ministre irakien avait expliqué que c'était là un mal nécessaire pour faire face à la situation chaotique que traverse le pays.