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Les affrontements continuent au Caire: L'armée soupçonnée de chercher à s'accrocher au pouvoir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 11 - 2011

De nouveaux heurts ont eu lieu dimanche place Al-Tahrir au Caire, qui continue d'être l'épicentre de la contestation en Egypte. Le gouvernement sous contrôle militaire, de plus en plus contesté, avait tenté, à moins de dix jours de la tenue des élections législatives, le passage en force en essayant d'évacuer la place contestataire dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 novembre. De violents affrontements s'en sont suivis à proximité du Parlement et du ministère de l'Intérieur, avec un bilan provisoire de deux morts et de centaines de blessés.
Cette tentation d'en finir avec Al-Tahrir est intervenue au lendemain d'un vendredi de mobilisation sur la même place qui a rassemblé plus de 50.000 personnes. La manifestation de vendredi était largement marquée par la présence forte des islamistes. Officiellement, le bilan des affrontements de la nuit du samedi-dimanche au Caire est d'un mort, un jeune homme de 23 ans, et 750 blessés. Un autre manifestant a été tué à Alexandrie, la seconde ville du pays, où près d'un millier de personnes se sont rassemblées devant le siège des services de sécurité avec un slogan très expressif : «Les responsables du ministère de l'Intérieur sont des voyous». Une manifestation anti-police a eu également lieu à Suez. Hier, en début de journée, c'était toujours l'effervescence et la tension. Des centaines de jeunes occupaient la place et des heurts sporadiques opposaient les manifestants aux policiers aux abords du ministère de l'Intérieur, situé à proximité. Alors que la police procédait à des tirs de gaz lacrymogènes, des manifestants ont dressé des barricades.
SUSPICION A L'EGARD D'UNE ARMEE «AU-DESSUS DU PEUPLE»
Ces affrontements, sans en avoir l'ampleur, ne sont pas sans rappeler la vague de contestation qui a emporté le clan Moubarak. Ils traduisent clairement un climat de suspicion à l'égard des intentions des militaires égyptiens qui contrôlent le pays. L'armée égyptienne, dont Moubarak était issu et qui dirige le pays à travers le Conseil suprême des forces armées (CSFA), a conforté les soupçons en présentant une proposition constitutionnelle qui la soustrait totalement au contrôle du gouvernement et du Parlement. Cette proposition constitutionnelle vise à accorder à l'armée une autorité exclusive sur la gestion de ses affaires et de son budget. Dans les faits, cela signifie autonomiser l'armée totalement du pouvoir civil. Un véritable retour en arrière pour ceux qui ne veulent pas d'un enterrement de la révolution.
La grande manifestation de vendredi, organisée à l'appel d'une quarantaine d'associations et de partis politiques, était clairement une réponse aux intentions de l'armée. Elle appelait à «protéger la démocratie» et à organiser le «transfert du pouvoir». C'est un différend sur une question de fond. L'Egypte a été depuis Nasser sous contrôle de l'armée et les opposants de toutes les couleurs ne l'oublient pas.
UNE ARMEE QUI INCARNE LA CONTINUITE DU SYSTEME
Les Egyptiens doivent normalement voter le 28 novembre pour élire les représentants de l'Assemblée du peuple (chambre des députés), premier tour d'un scrutin législatif qui doit se dérouler au total sur quatre mois. L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président, mais aucune date n'a été fixée pour l'élection présidentielle. Conclusion partagée dans de larges pans de l'échiquier politique : l'armée, qui incarne la continuité du système, cherche à s'accrocher au pouvoir. Elle commencerait apparemment à lâcher du lest puisque, selon l'information de l'agence Mena diffusée samedi soir, deux articles constitutionnels litigieux ont été modifiés. L'alinéa de l'article 9 qui faisait de l'armée la garante de la légitimité constitutionnelle a ainsi été retiré. Celui selon lequel les forces gouvernementales devaient être seules responsables de leurs affaires internes, de leur budget et de leur législation, a en outre été modifié, tout comme l'article 10, qui annonçait «la création d'un Conseil national de défense présidé» par le chef de l'Etat. Le gouvernement égyptien a lancé un appel à la «raison» en estimant que ce qui se passe a «un impact direct sur la marche du pays». Plusieurs partis politiques ont demandé la constitution d'un gouvernement de salut national.


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