«Les incidents violents au Caire ce samedi et le report du procès de l'ex-ministre de l'Intérieur égyptien, ce lundi, préfigurent un mois de ramadan musclé en Egypte. Retour sur les raisons de la colère, six mois après le début de la contestation. Il y a deux jours, l'Egypte fêtait la révolution qui conduisit dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952 à la chute du roi Farouk 1er. La Révolution du 25 janvier 2011 est encore en cours, six mois après le début des contestations. Retour sur la révolution du 25 janvier Les manifestants avaient répondu en masse à l'appel de mouvements actifs sur la Toile, comme le mouvement du 6 avril, en référence à un soulèvement ouvrier en 2008. Débute alors un combat entre le régime et la rue, qui se perpétue jusqu'à aujourd'hui. Très vite la place Tahrir devient l'épicentre médiatique et symbolique de la révolution, bien que d'autres villes comme Mahalla aient été en pointe de la contestation. Egyptiens de tous horizons sociaux et politiques se retrouvent massivement dans la rue pour demander la chute de Hosni Moubarak et du système qu'il représente. Ce qui a été obtenu Le 11 février 2011, Hosni Moubarak quitte le pouvoir après trente ans de règne et dix-huit jours de Révolution. Le Conseil suprême des forces armées sous la direction de Mohammed Hussein Tantaoui prend alors les rênes du pays. Dès le 13 février, les deux chambres du Parlement sont dissoutes, la Constitution est suspendue. Le samedi 19 mars, un référendum sur la Constitution a vu la victoire des tenants d'une simple modification de la Constitution. Les fils de Hosni Moubarak sont rapidement arrêtés et emprisonnés dans la prison de Tora. Des figures emblématiques du régime sont photographiées menottes aux poignets et leurs procès annoncés. Toutefois, la chasse aux sorcières atteint vite ses limites. Les raisons de la colère actuelle Les procès tardent et sont reportés comme celui de l'ex-ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, mis en cause dans la répression violente des manifestations. L'annonce du report ce lundi 25 juillet exaspère à nouveau les familles des victimes, en attente de justice. Le départ de Hosni Moubarak ne suffit plus aux manifestants, qui ont réinvesti la place Tahrir depuis le 8 juillet, jour de rassemblement massif dans le pays. Après la chute du Raïs, de nombreux manifestants demandent aujourd'hui la chute du pouvoir militaire, un pilier du régime, tel qu'il s'exerce en Egypte depuis 1952. Les affrontements violents dans le quartier d'Abbaseya au Caire ce samedi 23 juillet, en disent long sur la tension et la méfiance qui prédominent entre les manifestants et le pouvoir militaire. Le ministère de la Santé annonçait un bilan de 300 blessés lors des affrontements, selon le quotidien égyptien Masry al-Yioum. Un dialogue de sourds ? L'annonce du guide suprême des Frères musulmans qui rejette «toute attaque contre l'armée» alimente la peur d'une partie de la population, inquiète d'une victoire du parti de la justice et de la liberté aux prochaines élections législatives, reportées sine die. Nombre de manifestants et de partis continuent de réclamer l'écriture d'une nouvelle Constitution avant la tenue d'élections législatives. Mais le porte-parole du CSFA ne reprend pas cette revendication lors de son discours, jugée autoritaire, le mardi 12 juillet 2011. Par ailleurs, le remaniement ministériel du gouvernement de transition d'Essam Sharaf, officialisé le 21 juillet 2011, ne convainc pas totalement les manifestants, qui se relayent sur la place Tahrir pour maintenir une pression sur le gouvernement et le conseil suprême des forces armées. Et la tension des premiers jours ressurgit ponctuellement, comme pour rappeler aux Egyptiens que la révolution reste encore à venir.