Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) pourraient être un formidable outil d'augmentation du taux d'activité féminine en Algérie qui n'est que de 15% contre 69% pour les hommes. Pour améliorer les performances managériales de leurs entreprises, les femmes chefs d'entreprises devraient s'initier à la maîtrise des NTIC, préconisent les experts. En permettant l'amélioration de l'aspect managérial, notamment avec les gains d'efficacité et de temps, les NTIC sont une valeur sûre de notre époque. Conscientes de la nécessité d'adopter ces outils modernes, quatre femmes chefs d'entreprises parlent de leurs expériences. Gérer son entreprise d'un clic de souris, tout en restant chez soi, sans avoir à faire le déplacement au bureau. Rien de plus agréable pour une femme qui doit ménager vie familiale et vie professionnelle sans avoir à faire le douloureux choix de sacrifier l'une ou l'autre. Mme Amira Hamdad est chef d'entreprise, spécialisée dans la formation de cadres en management et ressources humaines. Elle fait partie des rares femmes algériennes qui ont cette possibilité de faire fonctionner leurs entreprises à partir de chez elles, derrière leurs PC. Ce qui est loin d'être le cas de toutes les femmes qui ont fait le pas dans le monde des affaires. Le virtuel, oui, mais sans oublier le contact humain Pour Mme Amira Hamdad, l'accès aux NTIC n'a pas été facile. «Toute nouveauté a son lot de difficultés», dira-t-elle. Malgré les contraintes rencontrées, son entreprise compte actuellement 14 employés contre trois au démarrage. Un bond dû en grande partie aux TIC. Son premier réflexe était de créer son site web, «afin d'être visible sur la toile». A défaut de formation dans les métiers du Web, elle a eu recours à la sous-traitance pour mettre à niveau son entreprise en matière de TIC. L'entreprise est présente, désormais, sur les réseaux sociaux et tout le personnel a été formé pour acquérir les compétences et les qualifications requises. «La transmission de courrier par fax tend à disparaître pour laisser place aux emails, aux réunions virtuelles sur Skype, et autres moyens modernes de communication et de gestion (comme les logiciels de comptabilité et de stockage des données) pour faire évoluer l'entreprise», affirme Mme Hamdad qui dit avoir inscrit son entreprise sur une multitude d'annuaires sur Internet. Mais cette ouverture sur les nouvelles technologies incite à «plus de vigilance» pour préserver son entreprise des piratages et la mettre à l'abri des hackers, estime Mme Hamdad qui a fait appel «à une entreprise spécialisée dans la sécurité informatique pour la sauvegarde des CV et des données de son entreprise». Elle explique dans ce sens que «la sécurité informatique est un défi dans le monde des TIC. Il est primordial de mettre en place des outils de protection pour se mettre à l'abri de tous les risques du web». Néanmoins, la gérante insiste sur la nécessité de ne pas laisser le monde virtuel l'emporter sur les relations humaines «primordiales pour la pérennité d'une entreprise». La PME du genre féminin est encore à la traîne. Les conditions favorables pour développer ce créneau ne semblent pas encore réunies. La présidente de l'association des Algériennes Managers et Entrepreneurs (AME), Mme Khedidja Belhadi, estime que «PME et TIC sont liés et ne peuvent se dissocier». Selon elle «les nouvelles technologies sont entrées de force ou en douceur dans nos mentalités» et «l'économie nous oblige à s'y adapter». Chef d'une entreprise du bâtiment, Mme Belhadi ne conçoit pas une évolution dans le monde des affaires sans les TIC. Pour se mettre au diapason, elle a dû suivre plusieurs formations aux outils des nouvelles technologies qui lui ont été indispensables pour la gestion de son entreprise. «Une entreprise en marge des TIC est à mon sens vouée à l'échec sinon à végéter», estime la présidente d'AME soulignant le fait que «beaucoup d'artisans utilisent aujourd'hui les TIC pour améliorer leurs produits». Le virtuel, oui, mais sans oublier le contact humain Mme Abbassia Gherasselgoum, gérante d'une boîte de services informatiques déplore, pour sa part, le manque de chefs d'entreprises femmes dans les NTIC. «Le secteur ne compte pas beaucoup de femme pour la simple raison qu'il est difficile pour elles de s'imposer et de décrocher des marchés, même si leurs compétences n'ont rien à envier à celles des hommes». Le travail de Mme Gherasselgoum consiste à installer les réseaux informatiques d'entreprises et les équipements qui vont avec. Elle est aussi spécialisée dans les réseaux satellitaires, dans l'installation du business intelligence, dans le système d'information géographique, dans le consulting et conseil. Elle passe la majorité de son temps derrière son PC, à partir de chez elle. «Je peux gérer mon entreprise loin de mon bureau. En fait, mon bureau me suit là où je suis. Grâce à l'intranet, je peux avoir accès à d'autres systèmes sans avoir à me déplacer», nous confie-t-elle. Pour Khedoudja Korti, membre de l'AME et ancienne PDG d'une entreprise publique qui s'apprête à monter sa propre affaire, si le passage vers l'entreprenariat privé n'a pas été de tout repos, il s'est accompagné de l'apprentissage des NTIC. «Je ne savais même pas manier un clavier, mais j'ai dû me mettre à niveau par différentes formations dans le domaine. Cela m'a permis d'acquérir certaines compétences qui sont appelées à se développer davantage avec le temps», dit-elle. Avec un taux d'activité de la femme de 15%, Mme Korti considère que l'entreprenariat féminin «a encore du chemin à faire». «Parmi ces 15%, la majorité gèrent des entreprises de l'artisanat, et 5% seulement détiennent un capital», fait-elle remarquer. «Il est impératif pour elles de se mettre à niveau, et spécialement dans le domaine des TIC», ajoute-t-elle, regrettant que le télétravail ne soit pas encore développé en Algérie.