Au moins 30 personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées dans deux attentats suicide à la voiture piégée contre les services de renseignements à Damas, au moment où la mission arabe préparant la venue d'observateurs s'entretenait avec les autorités syriennes. La répression de la contestation n'a pas cessé pour autant, avec six civils tués et sept autres blessés à Baba Amro, Deir Balaba et Khaldiyé, des quartiers rebelles de Homs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). «Il y a eu plus de 30 tués et plus de 100 blessés dans les deux attentats d'aujourd'hui», a affirmé Fayçal Meqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, sur le lieu de l'un des attentats. «Le terrorisme a voulu que le premier jour des observateurs à Damas soit une journée tragique mais le peuple syrien fera face à la machine à tuer soutenue par les Européens, les Américains et certaines parties arabes», a-t-il ajouté. «C'est le premier cadeau du terrorisme et d'Al-Qaïda mais nous allons faciliter au maximum la mission de la Ligue arabe», a-t-il insisté. Il était accompagné de Samir Seif al-Yazal, un adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe, arrivé jeudi à Damas pour diriger la mission de préparation avant la venue d'observateurs arabes. «Nous allons continuer notre travail», a assuré M. Yazal, tout en présentant ses condoléances aux proches des victimes. «Ce qui s'est passé est regrettable et l'important c'est que les chose se calment», a-t-il ajouté, précisant que la mission avait commencé vendredi ses entretiens avec les autorités, et qu'elle devait rencontrer samedi le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Ces attentats, sans précédent depuis le début de la contestation mi-mars, ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle dans le quartier de Kfar Soussé. Ils ont visé la Direction de la sécurité générale, qui est le plus important service de renseignement civil, ainsi qu'un bâtiment de la sécurité militaire. La télévision a montré des images très crues des conséquences des attentats: des civils évacuant des cadavres calcinés ou mutilés, la chaussée maculée de sang et de gravats, un cratère long et profond... «Où sont les Arabes? Nous ne voulons pas nous retrouver comme en Libye et en Irak», criait devant les journalistes Haïfa Nachar, une femme de 45 ans. Un premier groupe de 30 à 50 observateurs arabes doit arriver dimanche pour commencer à suivre l'application d'un plan de sortie de crise après plus de neuf mois d'une révolte contre le régime violemment réprimée. Selon une estimation de l'ONU, cette répression a fait au moins 5.000 morts depuis la mi-mars. Les autorités syriennes, qui attribuent les troubles à des «bandes armées», ont pour leur part annoncé plus de 2.000 morts dans les rangs de l'armée et des services de sécurité. L'effectif des observateurs devrait atteindre au total 150 à 200, tous des experts civils ou militaires arabes qui travailleront sous la houlette du Soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, un général qui a été impliqué dans les guerres civiles Nord-Sud et au Darfour. Les militants qui animent la contestation contre le régime de Bachar al-Assad se sont montrés particulièrement défiants depuis la signature du protocole sur l'envoi des observateurs. Ils ont appelé à manifester vendredi contre ce «protocole de la mort», qui constitue selon eux «un permis de tuer». Selon le texte signé lundi au Caire, les observateurs devront «garantir l'arrêt de tous les actes de violence d'où qu'ils viennent», obtenir «la libération des détenus arrêtés en liaison avec la crise actuelle» et agir pour que le gouvernement autorise les médias à circuler librement en Syrie. Les observateurs pourront «visiter les prisons, les lieux de détention, les postes de police et les hôpitaux». A l'ONU, les tensions entre les puissances occidentales et la Russie se sont accentuées à propos de la Syrie, les Occidentaux accusant Moscou de tenter de «détourner l'attention» de Damas en demandant une enquête sur l'action de l'Otan en Libye. La semaine dernière, Moscou a présenté un projet de résolution condamnant les violences perpétrées «par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes». Mais les puissances occidentales ont jugé ce texte trop timoré.