Le directeur de l'Office interprofessionnel du lait (ONIL), Fethi Messar, assure que l'Algérie dispose de stocks sécuritaires suffisants en poudre de lait pour couvrir les besoins du marché durant l'année 2012. Ce responsable, qui s'exprimait hier sur la radio chaîne1, a affirmé qu'«aucune pénurie de lait n'est enregistrée ces derniers temps à travers le pays». Dans la foulée, M. Messar nie l'existence de surfacturation à plus de 25 DA le sachet de lait dans les commerces. Interrogé sur les craintes des consommateurs quant à la qualité du lait en sachet, M. Messar tient à rassurer que la poudre de lait importée «est de bonne qualité et qu'elle est conforme à la réglementation en la matière». Il est à signaler que les professionnels de la filière lait ont deux rendez-vous sur leurs agendas. Les transformateurs tiendront leur assemblée générale aujourd'hui pour accorder leurs violons et affiner leurs revendications. Demain, aura lieu une réunion de l'Office interprofessionnel du lait pour passer en revue les contraintes de la filière. Par ailleurs, le Dg de l'ONIL évoque le volet lié à l'intégration du lait cru. «Pas moins de 560 millions de litres de lait cru ont été collectés depuis janvier dernier, contre 395 millions de litres en 2010, soit près de 30% de croissance», indique M. Messar. En Algérie, 80% de la quantité du lait cru produite localement ne sont pas collectés. La collecte a enregistré «une évolution significative», estime le Dg de l'ONIL. Les quantités collectées sont passées de 300 millions de litres en 2009 à 395 millions en 2010. L'Office n'a pas atteint son objectif de clôturer l'exercice avec 600 à 700 millions de litres. Un objectif repoussé à l'année 2012. L'amélioration de la production et du niveau d'intégration permettrait de réduire la facture des importations de la poudre de lait, a déclaré l'invité de la radio. Les importations de la poudre de lait ont atteint 800 millions de dollars en 2010. Pour l'année en cours, 40 milliards de dinars (571 millions de dollars) ont été consentis comme subvention du lait. L'Etat consacre annuellement 300 milliards de DA au soutien des produits de large consommation dont 100 milliards au soutien de la production agricole et 170 milliards consacrés au lait et aux blés. Les Algériens consomment près de 4 milliards de litres de lait chaque année, mais nos élevages ne couvrent même pas le tiers de cette consommation. En dépit des efforts visant à encourager la production locale de lait, la facture des importations ne cesse d'évoluer. Les données du Cnis, centre des statistiques relevant des douanes algériennes, indiquent une forte augmentation de 93% des importations de produits laitiers sur les six premiers mois de 2011 par rapport à la même période de 2010. Selon M. Messar, sur 120 laiteries, 114 d'entre elles (dont 99 privées et 15 publiques) ont signé des conventions avec l'Office interprofessionnel du lait (ONIL) pour bénéficier des quotas de poudre de lait subventionnée. Ces conventions rentrent dans le cadre d'un dispositif mis en place par le département de Rachid Benaïssa consistant à conditionner l'acquisition de la poudre de lait subventionnée par la collecte de lait pour le conditionner en sachets. Le dispositif escompte encourager la collecte de lait cru produit localement. Seules 12 laiteries n'ont pas intégré le dispositif. Les laiteries ont retiré l'appel d'offres qu'avait lancé l'ONIL. Elles avaient déposé leurs candidatures à conclure des contrats de partenariat avec cet Office public. L'ONIL a fixé un moratoire jusqu'au 30 septembre dernier pour permettre aux laiteries de se conformer au cahier des charges. Faute de quoi elles se verront exclues de la livraison de la poudre de lait subventionnée. Dans le but de réguler la filière lait, le ministère de l'Agriculture a créé l'ONIL. Ce dernier est en relation avec 20 000 éleveurs et 600 collecteurs de lait cru qui le transportent aux laiteries qui sont conventionnées avec l'Office. L'ONIL escompte faire baisser à terme la facture des importations de l'Algérie de la poudre de lait. Le nombre d'éleveurs est passé de 14 300 en 2009 à 26 000. Pour produire davantage de lait, 51 000 vaches laitières ont été importées en trois ans. Un cheptel qui s'ajoute aux 830 000 vaches laitières que comptent nos fermes. Mais nos élevages sont de taille très réduite. En moyenne, les éleveurs détiennent entre 5 et 6 vaches laitières, une taille qui est loin de rivaliser avec celle en vigueur dans les pays développés, où la moyenne atteint une centaine de vaches par éleveur. Pour épauler les éleveurs, le ministère de l'Agriculture a instauré des primes. «L'Etat accorde aux laiteries une prime d'intégration du lait cru fixée à 4 dinars le litre et elle atteint 6 dinars au cas où le transformateur renonce à la poudre de lait. Les éleveurs perçoivent 12 dinars de prime par litre produit tandis que les collecteurs ont droit à 5 dinars par litre de lait collecté», rappelle M. Messar. L'Etat a aussi mis en place un crédit fédératif à taux bonifié à 3% étalé sur huit ans. A côté de ces primes d'encouragement de la production nationale, l'Etat devra également aider les élevages à acquérir des techniques modernes de production. Dans les pays développés, une vache laitière produit 60 litres de lait par jour. En Algérie, la moyenne de la production d'une vache dépasse rarement 12 litres par jour. Comme quoi, beaucoup de chemin reste à faire. La filière compte 9 zones laitières réparties sur le territoire national en fonction des spécificités de chaque région, note le premier responsable de l'Office. La stratégie du ministère de l'Agriculture est basée sur l'encouragement des jeunes investisseurs dans la filière de l'élevage, notamment à travers la formation et l'accompagnement. La politique du renouveau agricole est basée sur la promotion des produits de pâturage à l'image de la luzerne. L'ONIL a mis en place un système informatique intégré qui permet de suivre les quantités produites et distribuées par les laiteries.