Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Douze laiteries risquent de se voir privées de livraison de poudre de lait subventionnée, si d'ici fin septembre, elles n'intègrent pas le dispositif mis en place depuis janvier 2011 par le ministère de l'Agriculture et du développement rural, exigeant l'introduction du lait cru dans la production de lait pasteurisé en sachet (LPS). Selon des sources proches du dossier, ces laiteries qui ne se sont pas encore manifestées (alors que le moratoire expire le 30 septembre prochain), n'ont pas d'autre choix que de prendre attache avec l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) chargé du suivi et de l'application du nouveau dispositif pour signer le cahier des charges dictant les nouvelles conditions d'attribution de poudre de lait. Et pour cause : «compte tenu de la cherté de la poudre de lait sur le marché international, les transformateurs n'ont pas d'autre choix que de passer une convention avec l'ONIL qui cède la poudre à un prix subventionné par les pouvoirs publics», renseignent nos sources. «Et si jusqu'ici, ils ont montré un manque d'engouement à souscrire une convention avec l'ONIL c'est parce qu'ils n'ont pas vu d'un bon œil les nouvelles conditions qui leur ont été imposées », nous ont expliqué des membres du comité interprofessionnel du lait (CIL), rencontrés lors d'une séance de concertation avec le ministre de l'Agriculture Rachid Benaissa, organisée le 19septembre dernier au siège du ministère de l'Agriculture. Faut-il rappeler dans ce sens, que le nouveau dispositif impose aux laiteries publiques et privées des conditions en matière de production et de distribution de LPS ? En clair, toute laiterie conventionnée comme partenaire (de l'ONIL) doit préciser les quantités de LPS qu'elle s'engage à distribuer quotidiennement dans sa wilaya d'implantation et éventuellement dans d'autres wilayas. Autres conditions inscrites dans le cahier des charges de la convention : celle qui leur demande de donner des informations sur les moyens -propres et /ou distributeurs subventionnés, qu'ils comptent mettre en oeuvre pour la distribution, et l'obligation qui leur est faite de présenter trimestriellement un état récapitulatif des quantités de lait demi écrémé produites et distribuées à partir de poudre de lait subventionnée. Autant de conditions que les transformateurs les plus récalcitrants qualifient « de forme d'ingérence dans leur activité », a-t-on appris lors de la réunion de concertation citée ci-dessus. Un jugement que l'Office rejette tout de go, car pour lui, les clauses introduites dans le cahier des charges des conventions sont un moyen de dissuader tous ceux qui seraient tentés d'utiliser la poudre de lait subventionnée à d'autres fins que celle de produire du LPS. Des mesures, qui selon des transformateurs, n'ont pas pris en compte le fait que dans la production de LPS, le taux de perdition est souvent élevé. Ils ajoutent, par ailleurs, que les rédacteurs du cahier des charges ont fait abstraction de la condition d'emplacement géographique de certaines laiteries. En Effet, certaines sont implantées dans des régions où l'élevage de vaches laitières est pratiquement inexistant ; et quant il existe, ce sont de très petites quantités de lait qui sont produites au quotidien .De ce fait, il leur est impossible d'intégrer le lait cru dans leur activité, à moins de se déplacer sur de longues distances ; Une hypothèse à exclure, sachant que le lait est un produit qui supporte mal des déplacements sur de longs trajets. Devant ces arguments avancés par les patrons de laiteries pour expliquer leur non adhésion au nouveau dispositif, le ministre leur a demandé de justifier leur refus par des «raisons valables» qui les empêcheraient de collecter le lait cru. Il leur a aussi rappelé que leur avenir dépendait de la production nationale. Un avenir toutefois assuré, à condition que la totalité de la production des élevages soit collectée et trouve preneur. Et c'est là où le bât blesse. En effet, et aussi paradoxalement que cela puisse paraître, que constate-t-on sur le terrain ? La collecte reste très inférieure aux capacités réelles de production, et parallèlement, les volumes d'importation de poudre de lait continuent à augmenter. Une tendance qu'il faudra vite inverser, si l'on veut réduire la facture d'importation de poudre de lait. Z. A. Les chiffres de l'ONIL Selon M.Fethi Messar, directeur de l'Office national interprofessionnel du lait, en Algérie, 80% de la quantité de lait cru produit localement ne sont pas collectés. Et d'après lui, 114 laiteries (dont 99 privées et 15 publiques) ont signé des conventions avec l'Office interprofessionnel du lait (ONIL) pour bénéficier des quotas de poudre de lait subventionnée. Ces conventions rentrent dans le cadre d'un dispositif mis en place par le département de Rachid Benaïssa, consistant à conditionner l'acquisition de la poudre de lait subventionnée par la collecte de lait pour le conditionner en sachets. Le dispositif escompte encourager la collecte de lait cru produit localement.M. Messar, qui se prononçait jeudi dernier sur les ondes de la radio nationale, chaîne III, a aussi indiqué que pas moins de 340 millions de litres de lait cru ont été collectés depuis janvier à fin juillet 2011, contre 395 millions de litres durant toute l'année 2010. Ce responsable a parlé d'un objectif de 700 millions de litres de lait cru que son office veut atteindre. Pour ce faire, l'ONIL est en relation avec 20 000 éleveurs et 600 collecteurs ; Soit une moyenne d'un collecteur pour 334 éleveurs. Le ratio idéal, selon les spécialistes est d'un collecteur pour 50 éleveurs.