L'Algérie accueille depuis peu des réfugiés civils touareg maliens, notamment les blessés et les victimes des combats. Ainsi, ce sont plus de 120 familles de réfugiés touareg maliens qui ont franchi la frontière algérienne jusqu'à ce jour à Timiaouine, une commune qui dépend de la wilaya d'Adrar, distante de 18 km de la frontière nord malienne, a-t-on appris du coordinateur du Croissant-Rouge algérien de la wilaya d'Adrar, Dlimi Mohamed. Dans cette commune, un camp de plus de 120 tentes a été implanté et des volontaires du Croissant-Rouge algérien participent à son installation et la prise en charge des réfugiés. Des denrées alimentaires ont été acheminées sur instruction des autorités locales afin de prendre en charge ces réfugiés, dans les meilleures conditions. Sur le plan sanitaire, des équipes médicales et des psychologues sont sur place, dépêchés du chef-lieu d'Adrar et les réfugiés ont subi des examens médicaux et ont été vaccinés dans le camp. La situation est maîtrisable sur place, selon nos sources de Timiaouine. D'autres réfugiés ont rejoint, quant à eux, la daïra de Bordj Badji Mokhtar, à 150 km de Timiaouine pour trouver abri chez leurs proches, leur nombre est estimé à 100 familles. Hadj Hamou Benzeghir, le président du CRA, avait auparavant déclaré que l'Algérie est prête à faire face à un éventuel afflux « massif » de Touareg fuyant les combats au nord du Mali. Le camp de Timiaouine semble être le premier à être installé puisque les premiers réfugiés touareg avaient trouvé refuge chez des proches particulièrement à Bordj Badji Mokhtar ou encore à Adrar. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés avait annoncé, pour sa part, avoir déployé des équipes d'urgence dans les pays voisins du Mali, pour répondre aux besoins de quelque 20.000 personnes ayant fui les combats. Selon l'agence onusienne, lors de ces trois dernières semaines, au moins 10.000 personnes se sont ainsi rendues au Niger, 9.000 autres en Mauritanie et 3.000 au Burkina Faso. L'Algérie qui a toujours joué un rôle de médiation entre les Touareg et Bamako a abrité, du 2 au 4 février derniers, une rencontre dite de concertation entre le gouvernement malien, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maiga, et l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement conduite par Hamada Ag Bibi, l'un des fondateurs et porte-parole du mouvement dont des membres combattent aux côtés du MNLA contre l'armée régulière dans le Nord malien. Cette région frontalière revêt une importance stratégique pour Alger dans sa lutte anti-terroriste et sa stabilité, un gage de réussite dans le renforcement de la situation sécuritaire. Le rendez-vous d'Alger a débouché sur un appel « pressant » des deux côtés pour arrêter les hostilités. Seulement, le MNLA, par la voix de son président du conseil révolutionnaire Abdel Kerim Ag Matafa, a affirmé que les discussions menées à Alger, entre le gouvernement et des rebelles touaregs du Mali, ne les engagent en rien, en déniant à l'Alliance tout pouvoir de représentativité du Mouvement. A propos du terrain des opérations, et selon le MNLA, les rebelles touareg, depuis le début de l'offensive, le 17 janvier dernier, occupent à 100%, quatre localités situées aux frontières du Niger, de la Mauritanie et de l'Algérie avec pour objectif premier de remonter les capitales régionales, Tombouctou, Gao et Kidal. Il y a un front autonome dans chacune de ces régions qui remonte vers la capitale régionale. Par ailleurs, et au volet médiation, l'Algérie et la France ont exprimé lundi à Alger leur « convergence de vues » à propos de la situation au nord du Mali. « La situation telle qu'elle évolue aujourd'hui dans le Nord du Mali est sujette à préoccupation », a indiqué à l'agence APS, le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt, à l'issue d'un entretien avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel qui a indiqué qu'« il y a une convergence de vues et je pense que la partie française pourra apporter une contribution substantielle au processus qui a été engagé entre le gouvernement malien et la rébellion touareg, à Alger ». M. de Raincourt, qui s'était auparavant rendu en Mauritanie, au Niger et au Mali, a jugé « tout à fait normal qu'à la suite de ce périple » il vienne à Alger « compte tenu du rôle absolument primordial et essentiel que joue l'Algérie », dans cette zone.