L'affaire de l'assassinat de l'enseignant universitaire Ahmed Kerroumi est passée hier devant la chambre d'accusation de la cour d'Oran. L'information judiciaire ayant été menée à bout par le juge d'instruction près la 9e chambre du tribunal d'Oran, le dossier devait être -conformément aux dispositions du code de procédure pénale - examiné par cette juridiction avant son envoi devant le tribunal criminel. Finalement, et au terme d'un long et non moins chaud débat, la décision de la chambre d'accusation a été mise en délibéré pour le 1er avril. Théoriquement, deux suites principales sont à envisager : soit que le dossier sera renvoyé, directement, devant le tribunal criminel, soit qu'il retournera en instruction pour un éventuel complément d'information. Mais dans tous les cas, pour le présumé auteur du crime, B. Mohamed, 28 ans, la comparution devant la cour d'assises n'est qu'une question de temps. Reste à savoir néanmoins si la chambre d'accusation approuvera ou non les demandes de la défense, qui se résument en quatre points : l'accès à certains éléments matériels à charge mis sous scellés, une contre-expertise ADN, un réexamen plus poussé de l'historique des appels émis et reçus par le téléphone mobile de la victime durant sa disparition et l'audition de certains «témoins-clés» - du point de vue des avocats de l'inculpé. Ces requêtes avaient été rejetées, toutes en bloc, lors d'un premier passage de l'affaire devant la chambre d'accusation, rappelle-t-on. Mais rien n'empêche la défense de revenir à la charge, elle qui dénonce «une instruction à sens unique, invariablement à charge». Dans cette affaire où de nombreux points sont sujets à controverse entre l'accusation et la défense, un élément important est néanmois indiscutable: le rapport médico-légal. L'expertise établie par le service médico-légal du CHU d'Oran fait état, au titre de l'examen de l'ensemble de la surface corporelle, d'une plaie vitale contuse de 3 cm au niveau du vertex, une excoriation arrondie contuse crouteuse de 3 cm, de multiples excoriations ecchymotiques au niveau de la région pariéto-frontale droite, une plaie vitale de la face interne de la joue droite avec la luxation d'une incisive, entre autres. L'autopsie révèle aussi une infiltration hémorragique fronto-pariétale droite, une infiltration hémorragique du muscle temporal droit ainsi que des traces de violence au niveau du cou, la cavité thoracique, la cavité abdominale, entre autres. Dans leurs conclusions, les médecins légistes notent que «la mort est en rapport avec un polytraumatisme crânien qui s'est déroulé en deux phases. La 1e : la victime a reçu un premier coup au niveau du vertex à l'aide d'un objet contondant acéré. La 2e : s'ensuit une chute sur la cuvette des toilettes ; l'agresseur a maintenu et projeté violement et de façon itérative la tête contre le support de la cuvette, jusqu'à fracasser la cuvette. La victime a traîné son corps en dehors des toilettes puis a sombré dans un état comateux estimé à trois jours. Il n'y a aucun signe de lutte ou de défense.» Cependant, plusieurs zones d'ombre persistent: le mobile du crime, la disparition à ce jour de la voiture de la victime, entre autres.