Cette fin de semaine, le tribunal criminel près la cour de Chlef a examiné l'affaire de trois prévenus accusés d'encouragement et soutien à un groupe terroriste dénommé «Djamâat Dâawa salafia» activant au niveau de trois wilayas : Chlef, Tipaza et Aïn Defla. Ils ont été arrêtés par les services de sécurité compétents le mois de juillet 2011 et présentés devant le magistrat instructeur le 2 octobre de la même année. Le premier a être appelé à la barre répond aux initiales B.S., âgé de 33 ans, résidant dans la commune de Beni Haoua, célibataire, exerçant la profession de maçon et non repris de justice. Il avoua qu'il a approvisionné le groupe terroriste en café et sucre mais une seule fois : «Les terroristes m'ont remis une somme d'argent avec laquelle j'ai acheté du sucre et du café mais une seule fois. La deuxième fois, on m'a remis une puce d'un portable». Le président lui reprocha de ne pas avoir informé les services de sécurité : «Quand vous êtes venu pour acheter les produits, pourquoi êtes-vous retourné ? Pourquoi n'avez-vous pas informé les services de sécurité ? Si les services de sécurité ne vous avaient pas arrêté, vous auriez donc continué à assurer le soutien aux terroristes». B.S. répond : «J'avais peur pour mes parents, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas informé les services de sécurité. Je ne les ai pas aidés par conviction, Allah Ghaleb, j'avais une crainte pour mes parents». Le président l'interrogea à propos de la puce qui lui a été remise. L'accusé répond : «C'est un terroriste qui me l'a remise et m'a dit de la remettre en mains propres à ce vieux». Il se tourna et pointa du doigt K.A. qui se trouvait sur le banc des accusés et ajouta que le terroriste qui me l'a remise m'a dit : «Je m'appelle Salim, chargé de mater les désobéissants». Le deuxième répond aux initiales B.M., âgé de 38 ans, résidant dans la commune de Béni Haoua, journalier de son état et non repris de justice. Il déclara : «C'était la nuit du doute, j'étais avec B.S. aux environs de minuit, lorsque trois individus armés se sont présentés à nous et m'ont questionné si j'accomplis la prière, j'ai répondu par la négative. «Je ne les connaissais pas, je ne les ai jamais vus, Monsieur le Président, je jure, au nom de Dieu clément et miséricordieux, que je n'ai jamais soutenu ni encouragé les terroristes. Je ne les supporte pas. Je ne peux pas supporter des gens qui ont les mains maculées de sang. Mon seul tort est de n'avoir pas informé les services de sécurité. Je vous précise que je n'habite pas en ville mais en pleine forêt. Si j'avais informé, quel aurait été le sort réservé par les terroristes à mes parents ainsi que mes frères et sœurs ?» Le troisième, qui répond aux initiales K.A., âgé de 75 ans et résidant dans la commune de Beni Haoua, déclara : «Je vends du pain dans la rue pour subvenir aux besoins de ma famille. Je n'ai jamais approvisionné en pain les terroristes. Je n'ai jamais utilisé la puce.» Il nia tous les faits qui lui sont reprochés. Le représentant du ministère avait requis une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500.000 DA. La défense a demandé des circonstances atténuantes. Après les délibérations, le tribunal criminel a prononcé une peine de 2 ans et demi de prison ferme assortie d'une amende de 50.000 DA à l'encontre de B.S. et l'acquittement de B.M. et K.A. D'autre part, B.S.M. et A.A., accusés de constitution d'un groupe terroriste, demeurent en fuite et sont activement recherchés par les services de sécurité. Ils ont été condamnés par contumace à la perpétuité.