Les derniers attentats, commis ces derniers jours dans la wilaya de Boumerdès et de Tizi Ouzou, ont été perpétrés à l'aide de téléphones portables munis de puces téléphoniques non enregistrées, ou portant de fausses identités. L'existence de ces puces nous a été confirmée, hier, par des revendeurs de matériel de téléphonie mobile, mais aussi par de nombreux citoyens qui nous ont certifié posséder des puces sans contrat qu'ils continuent à utiliser bien que ces puces aient été acquises depuis plus de six mois dans des magasins et dans les marchés hebdomadaires. Ces puces, qui sont censées être désactivées ou identifiées, sont toujours opérationnelles. “Nous avons deux puces dans la famille que nous continuons à utiliser sans aucun problème et surtout sans avoir signé aucun document”, affirme une jeune fille rencontrée hier à Boumerdès dans un magasin de téléphonie mobile. Un autre jeune homme nous a exhibé sur place une de ces puces qu'il affirme détenir depuis plusieurs mois sans avoir rien signé. De nombreuses autres personnes, interrogées, ont approuvé l'existence de ces puces tout en affirmant en posséder une ou plusieurs. Ils nous ont même communiqué les numéros de ces puces. “On m'a envoyé un message pour régulariser ma situation, je ne l'ai pas fait, mais on ne m'a pas coupé la ligne”, affirme un quinquagénaire. Il existe même des puces dont l'identification n'est pas complète, voire irrégulière, et cela a été vérifié par nos propres soins avec certains opérateurs. D'autres puces portent de fausses identités alors que d'autres sont enregistrées au nom de personnes mineures soit n'ayant pas le droit d'acquérir des puces en leur nom. Un jeune homme détenteur d'une de ces puces a appelé en notre présence un opérateur pour lui demander si la puce porte son nom. “Non monsieur, vous devez vous présenter à l'une de nos agences pour vous faire régulariser”, lui répond une voix féminine. Il insiste. “Mais dites-moi si la puce à un autre nom”, réplique le jeune homme. “Oui”, répond l'opératrice qui refuse de donner plus de détails. En clair, des citoyens croient posséder des puces non identifiées, mais la plupart ignorent que ces puces sont enregistrées au nom d'autres personnes généralement d'anciens clients de l'opérateur. Par ailleurs, nous avons pu vérifier l'existence des puces enregistrées sur un simple appel téléphonique. C'est-à-dire la puce dispose certes d'un nom, mais pas d'une identité car il n'a pas eu de contrat entre le client appelé et l'opérateur. Pire encore, des puces, dont les numéros n'existent pas au niveau de l'opérateur concerné, sont stockées au niveau de certains magasins de revente. Elles ne sont pas proposées à la vente à ce magasin, mais elles peuvent l'être ailleurs. Contacté hier, le responsable chargé de la communication de l'ARPT nous a affirmé que “toutes les puces sans contrat ont été désactivées et qu'il ne pourrait avoir lieu sur le marché de puces non identifiées”. Et d' ajouter :“Des opérations de contrôle sont effectuées en permanence avec la collaboration des représentants des opérateurs de téléphonie mobile pour vérifier le bon déroulement de l'opération”, précise-t-il. Le même responsable a rappelé le contenu du dernier communiqué de l'ARPT où il a été précisé que les cartes SIM, non identifiées, qui représentaient avant le 10 octobre 2008 un taux de 9% du parc, estimé à 26 667 867 abonnés, sont toutes d'ores et déjà non susceptibles d'être utilisées que ce soit en appel entrant ou en sortant. Seulement, voilà, il existe malheureusement encore des centaines, voire des milliers de puces encore opérationnelles disposant d'une fausse identité ou d'une adresse incomplète. Et ce sont, certainement, cette catégorie de puces que les terroristes continuent d'utiliser pour commettre leurs attentats. Les puces sont enregistrées au nom de citoyens qui se croient à l'abri, mais en réalité, ils risquent d'avoir de gros soucis avec la justice en cas de problèmes liés à des affaires de terrorisme, de kidnapping ou autres. M. T.