Un groupe d'experts de l'IPEMED souligne la nécessité d'instaurer la "confiance numérique" entre les pays du bassin méditerranéen. Dans un rapport sur l'état des TIC et de ses usages dans la région, les auteurs proposent la mise en place d'une politique globale visant la création d'un espace numérique commun tout en fixant les priorités. Le groupe d'experts dans les TIC de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) vient de rendre public un rapport sur le développement d'une société «numérique» en Méditerranée. Intitulé «La confiance dans la société numérique méditerranéenne : Vers un espace .med», le document a été élaboré par des experts d'Algérie, de Tunisie, du Maroc, d'Italie et de France. Il trace les grandes lignes d'une stratégie globale à adopter par les pays de la région, et souligne la nécessité de la mise en place d'une «politique euro-méditerranéenne globale visant à créer un espace commun numérique», une «société méditerranéenne de l'information et de la connaissance», pivot d'une «véritable politique au service de la croissance économique et de l'avènement d'une société de la connaissance». Le document préconise une série de recommandations qui vont dans le sens de la construction d'une politique d'ensemble pour les TIC. La première des principales recommandations est la réalisation d'un «Cloud computing méditerranéen» d'intérêt général, «afin de créer un espace numérique partagé entre les pays du bassin méditerranéen, que nous avons nommé «un espace .med»». Trois domaines semblent essentiels, selon ces experts, pour le développement de ce Cloud méditerranéen, à savoir les énergies renouvelables (le solaire notamment), le paiement électronique et la sécurité des réseaux. Les autres recommandations portent sur la définition d'une charte d'usage et de référence et d'un label méditerranéen en matière de TIC «favorisant une harmonisation des pratiques» ; la création d'un fonds d'investissement méditerranéen MEDTIC (partenariat public-privé) dédié aux TIC ; le développement des contenus, et la numérisation et l'archivage du patrimoine culturel et historique de la Méditerranée. Il est également question du développement dans les pays du Sud méditerranéen de l'enseignement et de la recherche dans le domaine des TIC, mais de la multiplication des incubateurs et des start-up associées, en particulier pour les jeunes ingénieurs. Priorité au «label méditerranéen en matière de TIC» Ces recommandations, qui constituent des éléments d'une politique globale, ne sont pas toutes réalisables à l'heure actuelle, concèdent les rédacteurs du rapport. Parmi les axes de recommandations présentés, l'effet de levier le plus fort, un «Cloud méditerranéen», n'est pas le plus facile à réaliser à court terme car il suppose une coopération entre divers opérateurs qui sont en forte concurrence. C'est pourquoi, affirment les auteurs, il serait judicieux de lancer une conférence Euromed sur ce sujet, afin de favoriser toutes les coopérations. Pour ces experts, le plus aisément réalisable est la définition d'une «charte d'usage et de référence et d'un label méditerranéen en matière de TIC». «Cela offrirait aussi, disent-ils, l'avantage de réunir les régulateurs, les opérateurs privés et les acteurs de la société civile autour des enjeux des TIC». De même, ajoute-t-on, «pourraient être engagés rapidement la création du fonds d'investissement MEDTIC et le renforcement des actions en faveur de la formation et de la recherche entre l'Europe et le Sud méditerranéen». Ainsi, le lancement de clusters spécialisés dans le développement des contenus audiovisuels et logiciels favoriserait les compétences et la créativité, et pourrait retenir les compétences du Sud qui seront tentées par l'immigration. A moyen terme, le rapport recommande la numérisation accélérée et amplifiée des fonds culturels méditerranéens qui pourrait servir de déclencheur pour lancer une politique dans ce domaine. «Cette opération de grande ampleur contribuerait à la préservation et à la valorisation d'un immense patrimoine et aurait une portée économique en accompagnant la mutation touristique méditerranéenne», concluent les rédacteurs du rapport l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED).